« Le gouvernement a décidé de laminer la médecine libérale », peste le patron de la FMF

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Publié le 07/01/2020
Jean-Paul Hamon

Jean-Paul Hamon
Crédit photo : GARO/PHANIE

« 2019 a été l’année du mépris et de l’arrogance, j’espère que 2020 sera celle de la révolte ». Ce mardi matin, le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF, s’est montré résolument offensif au moment de faire le bilan de l’année écoulée et d’évoquer les défis de celle à venir. Il faut dire que plusieurs évènements de la fin 2019 ont énervé le généraliste clamartois.

Le camouflet du SAS

La préconisation par le député Mesnier et le Pr Carli d’un numéro unique pour le SAS (service d’accès aux soins) a particulièrement énervé le D Hamon. Les syndicats de médecins libéraux militaient en faveur d'un numéro dédié aux soins de ville : le 116 117. Et alors que le président de la FMF plaide depuis plusieurs mois en faveur de la mise en place d’un système de régulation libérale avec 15 euros de majoration pour chaque acte de soin non programmé pris en charge par un médecin après régulation, celui-ci enrage face au refus catégorique de Nicolas Revel, directeur général de la Cnam. « Dans le même temps on donne 60 euros à des urgentistes qui refusent un soin, s’étrangle Jean-Paul Hamon en référence à l’expérimentation du forfait de réorientation. On pourrait avoir des expérimentations. Cela pourrait fonctionner ! »

Affaire Méheut-Ferron : « On a tous fait ça »

Pour le Dr Hamon, le gouvernement ne jure que par l’hôpital. « On dirait que la vertu et la qualité n’existent qu’à l’hôpital ! », peste le syndicaliste. « Je veux qu’on arrête de restreindre le champ de compétences des généralistes ».

Le patron de la FMF estime même que le ministère « a décidé de laminer la médecine libérale ». « L'exemple typique de cela, c'est l'histoire du Dr Méheut-Ferron (mis en examen pour le décès de cinq patients auxquels il a administré du midazolam, ndlr). On interdit aux médecins d'utiliser des produits largement utilisables en ville pour les patients en fin de vie à domicile ».

S'il reconnaît que le praticien a agi hors des clous, le Dr Hamon juge que lui reprocher l'absence de décision collégiale témoigne d'une « ignorance complète de ce qui se fait en réalité ». « Un médecin ne prendra jamais la décision tout seul de pousser la seringue, jamais ! », tonne-t-il. « C'est une décision lourde ! Qu'on ne vienne pas nous em**rder avec cette décision collégiale. Elle est prise avec le patient, la famille, l'infirmière : c'est tout ! ». Pour rappel, le Dr Hamon a lancé ce week-end une pétition de soutien au Dr Méheut-Ferron et réclame le droit pour les généralistes d'administrer du midazolam pour mettre en œuvre une sédation profonde jusqu'à la mort.

En grève le 3 février contre la réforme des retraites

Par ailleurs, le Dr Hamon n’a toujours pas digéré que son syndicat ait été écarté de réunions ministérielles visant à accroître le nombre de stages en ville, alors qu'il accueille des internes à son cabinet depuis de nombreuses années et qu'il estime donc avoir des arguments à faire valoir. « On propose que pour les stages au cabinet en zone sous dotée, les internes puissent percevoir le même montant que les étudiants ayant signé un en CESP (contrat d'engagement de service public, 1 200 euros par mois) », explique-t-il notamment.

Enfin, le Dr Hamon ne se faisait guère d'illusions quant à l'issue de la dernière séance de négociation entre les syndicats de médecins libéraux et le secrétariat d'État aux retraites, qui se tenait ce mardi. Le patron de la FMF a confirmé que son syndicat appellerait à la grève illimitée des médecins libéraux le 3 février.

« Et puis il n'y a pas que la retraite, les médecins ont aussi plein d'autres motifs de colère et depuis longtemps. Il est temps qu'on se fasse entendre ! », a conclu le Dr Hamon.


Source : lequotidiendumedecin.fr