La Dr Agnès Deronzier est la dernière généraliste arrivée au centre de santé à Avignon, le premier ouvert par le département de Vaucluse en février. Après douze ans d’exercice dans une clinique de soins de suite et de réadaptation à Montfavet, un quartier d’Avignon, « j’avais besoin de changement », confie la praticienne de 58 ans.
Attirée par le salariat, le confort des locaux, l’assistance d’une secrétaire médicale, des plages horaires agréables, l’opportunité de travailler à dix minutes à pied de chez elle dans l’hypercentre de la Cité des Papes, place de l’Horloge… La Dr Deronzier ne déchante pas depuis sa prise de fonction début mai : « On est comme des coqs en pâte ».
Davantage de temps
« C’est une façon de faire de la médecine qui me plaît », renchérit la généraliste, qui travaille à 60 % pour « environ le même salaire au prorata du temps travaillé ». Ici, une première consultation avec un patient dure 30 minutes, une vingtaine en cas de suivi. Les visites à domicile doivent démarrer en juillet. « Des gens n’ont pas vu de médecin depuis deux ou trois ans. En quinze jours, j’ai diagnostiqué deux diabètes », poursuit la Dr Deronzier.
Dans cette ville de 91 000 habitants, 17,7 % des patients de plus de 17 ans sont sans médecin traitant, soit six points au-dessus de la moyenne régionale et nationale. Pour répondre aux problématiques de désertification médicale, « le réseau départemental de santé a pour objectif de monter quatre centres médicaux en 2023 », explique Romain Natale, son responsable, en poste depuis janvier.
Le second centre a ouvert ses portes à Cadenet, village du Luberon (4 200 habitants), situé en zone d’intervention prioritaire (Zip) selon l’agence régionale de santé, dans l’un des quatre logements de fonction du collège. Comme à Avignon, il accueille les patients de 9h à 18h et pratique le tiers payant partiel.
Grille indiciaire de la fonction publique hospitalière
Les deux centres restants doivent être implantés à Apt et à Valréas. « Le budget alloué pour le développement du réseau est de 800 000 à un million d’euros », précise Romain Natale. Pour trouver, réhabiliter et aménager les locaux, commander le mobilier, le matériel et les consommables médicaux ou mettre en place les supports informatiques, le responsable peut s’appuyer sur les ressources internes du département.
Dans le cadre de ce projet, le Vaucluse s’est inspiré de l’expérience du conseil départemental de Saône-et-Loire et de la loi dite 3DS de février 2022, qui permet aux collectivités de recruter directement des soignants dans les centres de santé. Sur neuf généralistes, le département en a déjà recruté six, dont la moitié viennent de la région. Ces derniers sont embauchés sous contrat à durée déterminée de trois ans renouvelables et sont rémunérés d’après la grille indiciaire de la fonction publique hospitalière. « En 2024, on a pour projet de recruter d’autres professionnels de santé, des médecins généralistes, des spécialistes, des paramédicaux, des infirmiers en pratique avancée, des kinés… », poursuit Romain Natale.
Après un mois de remplacement dans le centre avignonnais, la Dr Nazila Garrigues a commencé à exercer mi-mai, à Cadenet. La généraliste âgée de 49 ans habite à 9 km de là, dans les Bouches-du-Rhône, et travaille désormais aux 4/5e. Depuis le printemps 2019, elle effectuait des remplacements à l’hôpital et en clinique, en parallèle de bénévolat à la Croix-Rouge. « Quand j’étais en intérim, je faisais le travail de deux médecins voire plus. Même si c’était très bien payé, je n’avais pas assez de temps à consacrer à chaque patient, explique-t-elle. Là, je retrouve du sens à ce que je fais, je fais mon métier de soignant. »
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