Mort de Jack Ralite, ministre communiste de la Santé combattu mais respecté par les médecins

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Publié le 13/11/2017

L'ex-ministre communiste de la Santé Jack Ralite est décédé dimanche 12 novembre. Il avait 89 ans.

Meriem Derkaoui, maire d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), ville dont Jack Ralite avait été le maire emblématique de 1984 à 2003, a annoncé le décès de l'ancien élu.

Adhérant au PCF en 1947, il commença sa carrière en tant que journaliste à L'Humanité, avant d'être élu au conseil municipal d'Aubervilliers en 1959. Il devient d'abord premier adjoint avant de devenir en 1984 maire de ce fief communiste. Jack Ralite restera surtout dans les mémoires du corps médical pour avoir été le ministre de la Santé de François Mitterrand de juin 1981 à mars 1983 – avant d'être en charge de l'Emploi (1983-1984). Il fut l'un des quatre ministres communistes du gouvernement de Pierre Mauroy.

Parmi ses nombreuses fonctions, il fut député de Seine-Saint-Denis de 1973 à 1981, conseiller régional d'Ile-de-France de 1986 à 1992 et sénateur de Seine-Saint-Denis de 1995 à 2011.

Refus de la Légion d'honneur

Spécialiste des questions culturelles au PCF, il a été membre du comité central, puis national de 1979 à 2000. Chef de file des « refondateurs », il était partisan d'une profonde mutation du PCF et avait refusé à plusieurs reprises la Légion d'Honneur.

De nombreux hommages ont été rendus par la classe politique. Le président de la République a salué un « humaniste exigeant, militant inlassable, qui se passionnait également pour la culture, qu'il ne dissociait pas de son engagement politique ».

« Nous perdons un communiste et un homme politique d'envergure, un des meilleurs défenseurs de la culture, un homme qui a exercé les plus hautes responsabilités au niveau de l'État, de son parti, le PCF, de sa ville, Aubervilliers », a pour sa part souligné Pierre Laurent, premier secrétaire du parti communiste.

Le corps médical a lui aussi salué la mémoire de l'ancien ministre de la Santé à l'instar du patron de l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF), le Dr Patrick Pelloux.

 

 

L'homme qui voulait supprimer le secteur privé à l'hôpital

Jack Ralite avait réussi à gagner le respect des médecins – un tour de force qu'il était en charge d'appliquer le programme santé détonnant de François Mitterrand. Le nouveau président de la République souhaitait en effet développer les centres de santé intégrés et enterrer le secteur II tout juste créé. Il proposait une vaste réforme hospitalière (avec la redéfinition des chefs de service et la fin du secteur privé à l'hôpital), nationaliser les laboratoires pharmaceutiques et voulait supprimer l'Ordre des médecins. Autant dire que ce programme radical occasionna des frictions avec la profession.

Mais alors qu'il avait été accueilli froidement, le ministre communiste sut conquérir l'estime des médecins, au terme d'un tour de France de la santé. Dans un dossier consacré aux ex-ministres de la Santé, la CSMF le reconnut. « L’action de Jack Ralite fut plutôt bénéfique, et les médecins libéraux garderont un bon souvenir de son passage. Tout juste devront-ils batailler contre le projet socialiste des centres de santé intégrés. D’ailleurs, le secteur 2 créé en 1980 par Raymond Barre sera conservé. »

Capable de retourner les auditoires hostiles

Joint par Le Généraliste, le Dr Claude Pigement, ex-responsable santé du Parti socialiste, confie la considération qu'il portait à Jack Ralite. « Ce qui m'a marqué, c'est qu'il parvenait par son charisme, lui le ministre communiste qui avait des rapports complexes avec les médecins, à retourner les auditoires hostiles de professionnels, en employant dans ses discours des vers d'Aragon. Jack Ralite était combattu mais respecté par les médecins. » Jack Ralite fut aussi un opposant politique à Aubervilliers dont il fut un « maire emblématique » en introduisant notamment la culture dans une ville populaire. Le Dr Pigement garde le souvenir d'un homme de conviction, qui tenta avec lui de pacifier le climat à Aubervilliers quand le PS prit la mairie en 2008 et que « les rapports étaient devenus détestables entre socialistes et communistes ».

« Le regret de sa vie aura été de ne jamais avoir été ministre de la Culture », conclut le responsable socialiste. 


Source : lequotidiendumedecin.fr