Se lancer à 31 ans dans les études de médecine, le défi d'une ex-cheffe de projet à la Croix-Rouge

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Publié le 28/10/2023
Raquel Das Neves en reconversion pour la médecin

Raquel Das Neves en reconversion pour la médecin
Crédit photo : DR

Une décision chamboule-tout ! Raquel Das Neves a tout lâché l’année dernière pour une reconversion en médecine via la procédure « Passerelles ». Désormais en troisième année à l'Université Paris Cité, et tout à fait confortée dans son choix, la future médecin raconte au Quotidien.

Bac scientifique en poche, le cœur de Raquel balançait entre fac de médecine et prépa littéraire. Conflit cornélien insoluble ? Non pas vraiment. Car la jeune Parisienne décide de s’en remettre au hasard de Parcours Sup en alternant l’une et l’autre option. Coquin de sort, c'est le choix littéraire qui l'emporte ! Raquel bâtit un solide parcours panaché d'économie, d'histoire et d'une spécialisation en droit de la santé et de la Sécurité sociale. Toute la première partie de sa vie professionnelle s’est déjà jouée dans le monde de la santé… Mais côté administratif ! Successivement référente régionale Alzheimer à l'agence régionale de santé Île-de-France, cheffe de projets médico-sociaux dans l'associatif, directrice administrative et financière d'une équipe pluridisciplinaire, ou encore impliquée dans la conception, le suivi et la réalisation d’établissements de santé (cliniques, SSR, hôpitaux de jour, EHPAD…) au sein de la Croix-Rouge Française, la trentenaire est plus qu'au fait des problématiques de santé !

« Le sentiment d'être à ma place »

« À l'ARS, j'ai commencé ma carrière sur les questions des maladies neurodégénératives en binôme avec un médecin. J'apprenais plein de choses. Je n'ai jamais eu de regret ou le sentiment d'être passée à côté de ma voie. Entre 24 et 29 ans, toujours très intéressée et motivée par les problématiques médicales, j'ai changé de postes. Mais j'avais toujours le sentiment d'être à ma place », observe Raquel.

Mais en 2020, sa nouvelle fonction de chargée du développement des établissements médicaux et sociaux - pour les vingt prochaines années — (EHPAD, lieux mixant des activités médicales et sociales, dédiés aux personnes en situation de handicap, à l'enfance ou encore des tiers lieux) au sein de la Croix-Rouge Île-de-France, génère une remise en question. Une remise en question et une quête de sens… Qui peu à peu aboutit à la conviction d'une réorientation.

« C'était comme une prise de conscience, analyse la jeune femme. Celle que les politiques publiques avançaient peu. Et notamment sur le terrain de la construction. On en était toujours aux mêmes interrogations et atermoiements basiques et techniques. Du coup, au bout de deux ans, j'ai eu le sentiment que l'on tournait en rond. Mais peut-être que je n'étais plus au bon endroit… » ajoute celle qui, depuis, a sauté le pas de la reconversion. Car en 2022, à rebours de l’air du temps, à l'heure où le nombre d'abandons en cours d'études semble exponentiel, Raquel décide de passer de l'autre côté. Celui du soin et de la médecine. « Dans le meilleur des cas de mon précédent métier, un établissement sortait de terre et des personnes y emménageaient. J'ai de plus en plus ressenti le besoin d'être auprès de ceux dont il fallait prendre soin. Et j'ai eu de moins en moins envie d'être celle qui permettait au projet de se monter », souligne l'étudiante. Raquel est désormais en troisième année de médecine, après avoir intégré le dispositif Passerelles qui comptait environ 600 candidats pour trente-trois admis lors de la rentrée de septembre 2020.

Une reconversion côté soin

Un grand chamboulement. Et un engagement sur dix ans au moins. Le tout sur fond de sacrifice. « Il faut gérer des problématiques de financement inhérentes à la médecine. Et quand on a trente ans, on n’a pas le même train de vie que lorsqu'on est étudiant. Il y a aussi un écart qui se creuse avec vos amis, qu'on le veuille ou non, la vie sociale est différente », constate la future médecin, qui a bénéficié d'un plan de financement sur deux ans au moment de sa rupture avec la Croix-Rouge. Mais, pour tenir jusqu'à l'internat, l'étudiante en reconversion doit miser sur ses économies et sur les heures consacrées aux petits boulots. « Je fais très attention à mes allocations de formation, j'économise le plus possible, j’ai créé un plan de financement. Ça devrait aller », affirme la jeune femme déterminée. Entre coups de mou, périodes de partiels et parfois de doute, Raquel trouve les études de médecine bien plus intenses émotionnellement que toutes les autres. Mais entre la solidarité avec les étudiants « Passerelles » et tous les autres, le soutien indéfectible côté couple et cercle amical, la future médecin est convaincue d'avoir fait le bon choix. Et d'être enfin à sa place !

Annick Bernhardt-Olivieri

Source : lequotidiendumedecin.fr