Alors qu’une majorité de travaux sur l’influence de la durée du sommeil sur la santé se sont intéressés aux maladies chroniques uniques, une équipe française (Inserm et Université Paris Cité), en collaboration avec l’University College London, s’est penchée sur les effets en termes de multimorbidité. Publié dans « Plos Medicine », l'examen des données de la cohorte britannique Whitehall II montre ainsi une association « robuste » entre des nuits égales ou inférieures à 5 heures dès l’âge de 50 ans et un risque accru de multimorbidité.
L’analyse a porté sur les données de 7 864 personnes (32,5 % de femmes), qui ont auto-évalué leur durée de sommeil à plusieurs reprises entre 1985 et 2019. Il en ressort qu'une durée de sommeil inférieure ou égale à 5 heures est associée à un risque accru de multimorbidité de 30 à 40 % selon les âges.
Des résultats plus nuancés chez les gros dormeurs
Parmi ceux qui n’avaient aucune maladie chronique à 50 ans, et comparés à ceux dormant 7 heures, les petits dormeurs (≤ 5 heures) avaient un « risque accru de première maladie chronique (RR à 1,20), et ceux qui ont développé une première maladie, un risque accru de multimorbidité subséquente (1,21) », ajoutent les auteurs. Ces résultats pourraient « expliquer le risque augmenté de décès de l’ordre de 25 % observé chez les personnes âgées de 50 ans ayant une durée de sommeil inférieure ou égale à cinq heures par nuit », est-il avancé dans un communiqué.
En revanche, les chercheurs n’ont pas trouvé d’association « robuste » entre une durée de sommeil supérieure ou égale à 9 heures à l’âge de 50 ans et le risque de développer une multimorbidité au cours du vieillissement. Mais, passé cet âge, les gros dormeurs qui ont développé une première maladie chronique au cours du suivi (à l’âge moyen de 66 ans) avaient également un surrisque de survenue de multimorbidité. « Un sommeil prolongé pourrait être la conséquence d’une maladie chronique plutôt que sa cause », relève le communiqué.
« L’ensemble de ces résultats soutiennent l’importance de la promotion d’une bonne hygiène du sommeil des populations. Pour cela, il est nécessaire de cibler les habitudes de vie et les conditions environnementales qui affectent la durée et la qualité du sommeil », souligne Séverine Sabia, chercheuse Inserm et première autrice de l’étude.