Addictions chez les 16-30 ans : des niveaux de consommation, y compris d’écrans, toujours préoccupants

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Publié le 13/06/2023
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Crédit photo : Voisin/Phanie

Les comportements négatifs des jeunes de 16 à 30 ans vis-à-vis des drogues, de l’alcool, des écrans ou encore des conduites à risque sur la route « se stabilisent mais demeurent préoccupants », résume un communiqué de la Macif, qui publie ce 13 juin la troisième édition de son baromètre « Les addictions et leurs conséquences chez les jeunes », mené avec l’institut Ipsos*.

Cette tendance est le « signe que la crise sanitaire a fragilisé les jeunes Français et que leur mal-être est toujours présent, est-il relevé. Malgré un retour à la "vie normale", cette tranche de la population particulièrement sensible déclare avoir besoin de s’amuser, de déstresser, quitte à se mettre en danger ou à perdre le contrôle… ».

Des niveaux de consommation supérieurs à 2021

Le baromètre révèle ainsi que la fréquence des pertes de contrôle liées aux consommations de substances se maintient à des niveaux supérieurs aux mesures lors de la première édition en 2021. Plus de la moitié (54 %) déclare une perte de contrôle « au point de ne plus vraiment savoir ce qu’ils faisaient » au moins une fois au cours des 12 derniers mois (78 % en cas de consommation régulière). En recul de 4 points par rapport à 2022 (58 %), cet indicateur reste plus élevé qu’en 2021 (52 % et 71 % en cas de consommation régulière).

Même tendance concernant les écrans : 70 % déclarent une perte de contrôle au moins une fois au cours des 12 derniers mois (contre 70 % l’an passé et 61 % en 2021). Et, plus de la moitié des jeunes l’ont perdu au moins dix fois (51 %). Parmi ces derniers, la perte de contrôle se traduit par une perte de la notion du temps (61 %, contre 63 %), des difficultés à trouver le sommeil (47 %) et une absence de réponse aux sollicitations de l’entourage (32 %).

Les motivations des jeunes consommateurs varient. La perte de contrôle est souvent recherchée par les consommateurs de drogues : cannabis (19 %), cocaïne, héroïne et ecstasy (19 %) mais aussi alcool (18 %). L’envie de s’amuser est avancée par 40 % des consommateurs d’alcool et 45 % des utilisateurs d’écrans. Le souhait de déstresser est évoqué par 28 % des consommateurs d’alcool (contre 28 % et 33 %), 43 % des usagers d’écrans, 46 % des fumeurs de tabac et 38 % des consommateurs de cannabis. Le fait de se sentir bien est également cité par 22 % des consommateurs d’alcool, 28 % des utilisateurs d’écrans, 27 % des fumeurs de tabac, 32 % des consommateurs de cannabis et 21 % des consommateurs de cocaïne, d’héroïne et d’ecstasy.

Des impacts concrets sur le quotidien

Conséquences de ces consommations et usages, 73 % des jeunes déclarent avoir ressenti des troubles, des sentiments de mal-être ou des difficultés concrètes (accidents, situations de violence, problèmes financiers) au cours des derniers mois, est-il souligné. Ces jeunes consommateurs déclarent des émotions négatives du fait de leur consommation (54 %), des épisodes d’échec scolaire ou professionnel (36 %), un isolement sur le plan social (34 %), des problèmes financiers (28 %) ou des troubles de la sexualité (25 %). Ils indiquent également des pensées suicidaires (25 %), des comportements violents envers eux-mêmes (26 %) mais aussi avoir subi des agressions physiques ou sexuelles (22 %) ou être auteur d’une agression physique (18 %).

Ces consommations sont par ailleurs associées à des comportements dangereux sur la route. Plus de quatre jeunes sur cinq déclarent un comportement à risque dans leurs déplacements en raison de leur consommation (84 %), dont 64 % plusieurs fois. « Le même phénomène de mise en danger est retrouvé chez les utilisateurs d’écrans », est-il souligné. Ainsi, 65 % avouent avoir déjà téléphoné, participé à des réunions téléphoniques pour le travail, envoyé ou lu des SMS/des mails, regardé des films/des séries, joué à des jeux ou consulté les réseaux sociaux en se déplaçant en voiture, en moto, en Scooter ou à vélo et 38 % d’entre eux déclarent même le faire souvent.

* Baromètre réalisé en concertation avec un collectif d’experts composé de psychologues, d’addictologues et de la Fage (Fédération des associations générales étudiantes).


Source : lequotidiendumedecin.fr