Depuis le 1er octobre, l’association SAFE, association de Réduction des Risques liés à l’usage des drogues, a été contrainte pour la première fois depuis 29 ans de cesser la distribution de seringues à distance, suite à des carences de financements. Inclus dans le dernier Plan gouvernemental de lutte contre les drogues et conduites addictives, ce programme permet d’accueillir par téléphone ou par e-mail les usagers de drogues, de leur proposer un conseil personnalisé et de leur adresser par voie postale les seringues, les pipes à crack et tous les matériels de prévention nécessaires et adaptés à leurs besoins afin de réduire les risques infectieux : VIH, hépatite C, mais aussi bactériologiques et virales
Ce programme connaît un « succès » croissant. En 2018, près de 380 000 seringues ont déjà été distribuées par le biais de ce dispositif. C'est déjà plus que les 355 868 de 2017 et que les 273 108 de 2016.
Contactée par « le Quotidien », la directrice de l'association, Catherine Duplessy, pointe du doigt les conséquences d'une régionalisation du financement de l'activité de distribution des seringues à distance, décidée unilatéralement par la direction générale de la Santé (DGS) en 2015. « Jusqu'en 2015, nous avions un financement global de 180 000 euros pour l'ensemble des régions, explique-t-elle. Il y a maintenant un financement déconcentré imposé, ce qui oblige à identifier, dans chaque région, des acteurs de terrains qui doivent prendre le relais. »
6 régions dans l'impasse
Dans la pratique, le passage à un système moins centralisé ne s'est pas déroulé comme prévu. « Certaines ARS n’ont toujours pas débloqué de fonds, poursuit Catherine Duplessy, ni identifié de structures pour mettre en œuvre le dispositif. Dans 6 régions – Bourgogne Franche-Comté, Corse, Normandie, pays de la Loire, Provence-Alpes-Côte d’Azur et l’outre-mer, il n'existe pas d'équipes formées. » L'association SAFE a dû continuer à s'occuper de la file active de ces 6 régions, en plus des régions Île-de-France, Bretagne et Occitanie dont elle a la charge. L'association doit pourtant se contenter d'un financement réduit à 50 000 euros, destinée à soutenir son action en Île-de-France. Les autres financements déconcentrés n'ayant, à ce jour, pas été débloqués.
« En le régionalisant, la DGS a rendu le processus plus cher car il faut former des professionnels. Aujourd’hui les crédits déconcentrés sont estimés à 600 000 euros », complète Catherine Duplessy. L'association SAFE affirme avoir alerté la DGS à plusieurs reprises.
Une réunion est prévue au ministère des Solidarités et de la Santé lundi 12 novembre, entre les opérateurs de la réduction des risques à distance, des représentants des ARS et la DGS afin de trouver des solutions pour relancer les programmes.
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