D’habitude, les préoccupations des autorités qui luttent contre le dopage vont aux produits les plus sophistiqués, comme les EPO recombinantes, les sportifs ayant toujours un tour d’avance scientifique. Cette fois, c’est un produit vieux comme Jean Nicot (1530-1600) qui suscite l’inquiétude. L’Agence mondiale antidopage (AMA) a en effet décidé d’ajouter la nicotine à son programme de surveillance pour 2012.
Pas la nicotine de nos cigarettes, d’autant qu’un athlète a plutôt intérêt, s’il tient à ses performances, à ne pas fumer. Non, le tabac en poudre dont raffolent les Scandinaves, le snus, glissé entre la lèvre supérieure et la gencive, que certains recommandent même dans une démarche de réduction des risques.
C’est le laboratoire antidopage de Lausanne qui a lancé l’alerte dans une étude publiée en mai, après analyse de 2 200 échantillons d’urine d’athlètes représentant 43 sports. « La possibilité que du tabac sans fumée soit consommé à des fins d’amélioration des performances est une hypothèse très préoccupante », concluait-il. Son directeur expliquant que, dans le hockey sur glace, le sport le plus touché, « l’effet pharmacologique, avec ce petit coup de boost, peut être très intéressant ».
Le ski est aussi atteint, confirme un membre de la Fédération française : « La pratique est relativement développée sur le circuit mondial. Il suffit de regarder les départs de course. » La FFS a lancé une campagne, non pour « stigmatiser les athlètes », mais pour les éclairer sur les risques d’addiction et d’irritation buccale, et même de cancer (celui de cancer bronchique est diminué mais pas celui de cancer de la cavité buccale ou du pancréas) ou de maladies cardio-vasculaires. Les aspirants champions vont encore devoir trouver autre chose.
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