La naloxone en spray disponible dans les CAARUD

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Publié le 09/01/2018
nalscue

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Crédit photo : DR

Conformément aux décrets d'application de l'autorisation de mise sur le marché (AMM) accordée le 28 juillet 2017 par l'agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), la naloxone en spray nasal Nasclue (commercialisée par Indivior) est entrée le 8 janvier en phase de post ATU. Le dispositif est donc officiellement autorisé à être distribué, mais restera sous ce régime un peu particulier dans l'attente des avis pour un agrément en collectivité et en ville, délivrés par la commission de transparence de la HAS, puis d'un accord sur son prix et son remboursement.

Pour les usagers, ce changement n'est pas anodin, puisqu'il coïncide avec la mise à disposition dans les centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogues (CAARUD) de ce dispositif qui était jusqu'à présent réservé aux pharmacies hospitalières, aux prisons et aux Centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA). Ce changement était attendu par les acteurs de terrain qui espèrent maintenant que la naloxone touchera plus facilement le public des consommateurs de drogues très précarisés qui fréquente les CAARUD.

Un accès ouvert progressivement

Les décrets d'application de l'AMM stipulent qu’une convention entre un CSAPA et un CAARUD doit être signée pour permettre à ce dernier de dispenser Nalscue. Quand un prix et un niveau de remboursement lui auront été attribués, ce sera aussi le cas pour les pharmacies d'officine.

La naloxone en spray nasal est un dispositif destiné à être confié aux usagers de drogue afin d'être autoadministré, ou administré par un proche, lors du traitement en urgence d'un surdosage aux opioïdes se manifestant par une détresse respiratoire. Il permet de contrer les effets de l'overdose dans l'attente d'une prise en charge par une structure d'urgence. Bien qu'il ne nécessite pas de prescription médicale, peu d'usagers de drogue y avaient accès dans la première version de l'ATU, qui réservait sa délivrance aux seules pharmacies à usage intérieur. Une première ouverture aux CSAPA au début de l'année 2017 avait débloqué la situation.

Au cours de l'ATU, la firme a mis à disposition gratuitement 9 000 kits. Selon Indivior, contacté par « le Quotidien », ce stock se réduit désormais à un peu moins de 1 000 kits disponibles gratuitement dans le cadre de la phase de post ATU. Une fois ce stock épuisé, d'autres kits pourront être distribués par le biais de dotations spécifiques.

18 overdoses « récupérées »

Les derniers chiffres de l'ATU communiqués par Indivior indiquent que 1 624 patients ont été inclus dans l’ATU, et 1 106 kits ont été dispensés. La différence entre les deux chiffres tient au profil particulier des consommateurs qui ont pu renoncer à récupérer leur spray, pour peu que le lieu de dispensation ne soit pas le même que celui où on leur a conseillé de s'en procurer.

Un total de 18 kits a été utilisé, mais « beaucoup de médecins pensent que ce chiffre est sous estimé, nous assure-t-on chez Indivior. Des patients les ont utilisés sans le dire aux professionnels de santé qui les suivent et qui renseignent l'ATU. Un chiffre intéressant à retenir est que 13 des 18 kits ont bénéficié à des tiers usagers. C’est une illustration de la chaîne d’utilisation promue dans les dernières recommandations de l'OMS ». L'organisation onusienne préconise en effet que les personnes susceptibles d'être témoins d'une overdose (des membres de la famille par exemple) soient familiarisées et formées à l'utilisation de la naloxone.


Source : lequotidiendumedecin.fr