La vitamine D a un rôle dans la douleur

Corrélations

Des corrélations entre les taux de prévalence de douleurs chroniques, les saisons et le lieu d’habitation (latitude) ont déjà été soulignées dans plusieurs travaux. On sait que l’apport alimentaire de vitamine D (œufs, poissons gras principalement) représente 10 à 20 % des besoins et que la principale source vient de la synthèse cutanée sous l’effet des UVB. D’où la fluctuation saisonnière de la concentration sérique de vitamine D et ses variations individuelles en fonction de la latitude, des saisons, du sexe et du mode de vie.

L’évaluation du statut vitaminique de la vitamine D s’effectue par le dosage de la 25 OH vitamine D sérique (cf. encadré).

L’existence de douleurs musculaires dans l’ostéomalacie et son lien direct avec la carence en vitamine D est bien connue. De même que l’intérêt d’une supplémentation. Qu’en est-il dans d’autres situations de douleurs chroniques ?

Etudes

Dans une étude transversale multiethnique effectuée chez plus de 500 patients en Norvège, l’équipe de K. V. Knutsen trouve une corrélation entre un taux sérique bas de vitamine D et la présence de céphalées (5 % si taux normaux, 20 % pour un taux sérique inférieur à HMG/ml) ; une carence étant d’autant plus fréquente que les sujets étaient des immigrés de l’hémisphère sud (83 % contre 33 % chez les natifs) et des femmes (50 % des immigrantes ont un taux inférieur à HMG/ml).

J McBeth et coll soulignent, chez plus de 3 000 hommes dont la moitié souffrait de douleurs chroniques, une corrélation entre ces douleurs diffuses et un taux bas de vitamine D même après ajustement pour le mode de vie, le poids, le tabagisme et la consommation d’alcool.

Dans une étude de P Lee chez des sujets diabétiques de type 2 souffrant de neuropathie, la correction d’une carence en vitamine D permet de réduire l’intensité des douleurs sans que cet effet soit lié à une diminution de la PTH.

Une étude prospective dans une cohorte de 290 femmes débutant un traitement par anti aromatases après un cancer du sein et recevant toutes 800 UI/J de vitamine D (avec en sus 16 000 UI/ 15 jours si 25OH inférieure à 30 ng/ml) semble indiquer également un bénéfice antalgique de cet apport. En effet, si à 3 mois, il existe une augmentation des douleurs articulaires pour toute la cohorte, celle-ci est atténuée, avec un moindre risque d’arthralgie incidente si un taux sérique de 25 OH vitamine D supérieur à 40 ng/ml a été obtenu.

En revanche, dans leur métanalyse, S Straube et coll ne parviennent pas à mettre en évidence d’efficacité antalgique de la supplémentation en vitamine D chez des patients souffrant de douleurs chroniques, excepté dans une étude, mais estiment que cette conclusion ne saurait être définitive compte tenu de la mauvaise qualité de ces travaux.

Mécanismes

Les mécanismes impliqués dans l’association vitamine D et douleur sont probables mais restent donc en grande partie à élucider : action périphérique sur les muscles, l’os, le cartilage, action systémique anti inflammatoire, régulation de l’auto-immunité, action sur le système nerveux central et/ou périphérique par ses propriétés neurotrophiques. Restent aussi à explorer plus avant, par des études interventionnelles, les bénéfices de la supplémentation chez les patients souffrant de douleurs chroniques.

Sources :

- Printemps du CEDR Paris mars 2011 Communication du Dr Rose Marie Javier CHU Strasbourg ; non publié

- Extraskeletal effects of vitamin D : Facts, uncertainties, and controversies. Béatrice Bouvard et coll. Joint Bone Spine, Volume 78, Issue 1, January 2011, Pages 10-16

- Vitamin D as an Analgesic for Patients With Type 2 Diabetes and Neuropathic Pain. Paul Lee et coll. Arch Intern Med. 2008 ;168(7):771-772.

- Vitamin D for the treatment of chronic painful conditions in adults. Straube S, Derry S, Moore RA, McQuay HJ. Cochrane Database Syst Rev. 2010 Jan 20 ;(1):CD007771. Review.

- Vitamin D and chronic pain. Pain 2009 ; 141 : 10-13. Straube S, Derry S, Moore RA, McQuay HJ.

- Vitamin D status in patients with musculoskeletal pain, fatigue and headache : a cross-sectional descriptive study in a multi-ethnic general practice in Norway.

Knutsen KV, Brekke M, Gjelstad S, Lagerl v P. Scand J Prim Health Care. 2010 Sep ; 28(3):166-71.