Il n’y a pas que le tabac

Penser aussi aux BPCO d’origine professionnelle

Publié le 24/01/2011
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LE 15e congrès de pneumologie de langue française*, qui s’ouvre à Lille vendredi prochain, sera l’occasion de rappeler que la broncho-pneumopathie obstructive n’est pas qu’une maladie du fumeur. Comme l’explique le Dr Yves Grillet (Valence) au moins 20 % des BPCO surviendraient chez des non-fumeurs. Deux grandes causes sont reconnues. Il s’agit des expositions professionnelles à des produits pathogènes, d’une part, et, d’autre part, des pollutions domestiques ou environnementales extérieures. Si les premières sont de mieux en mieux identifiées, les secondes méritent encore d’être correctement précisées et définies.

Le piège, qu’expliquent les pneumologues, se trouve dans ce que le fumeur peut également être victime de ces facteurs environnementaux. Dès lors il convient de ne pas s’arrêter à l’intoxication tabagique lorsqu’est posé le diagnostic de BPCO. Il est capital de chercher une autre cause responsable associée à la cigarette. D’autant qu’il existe une probable potentialisation du facteur d’environnement par le tabac.

Agriculture, industrie textile.

Les expositions professionnelles à des produits pathogènes sont donc mieux précisées. C’est ainsi qu’il est retrouvé une forte prévalence de la BPCO chez les agriculteurs, les mineurs (en dehors de la silicose) et dans l’industrie textile, notamment celle du coton. Cette liste n’est évidemment pas exhaustive.

Pour cette enquête, la médecine du travail ainsi que l’association BPCO ont participé à l’identification des polluants responsables. La méthode reposait sur le port de capteurs par des employés dans certaines entreprises. Ces capteurs ont permis de quantifier les niveaux de pollutions et les sites à risque. C’est ainsi que quatre groupes de polluants professionnels ont été déterminés : les poussières minérales (silice et silicates, ciment, charbon) ; les poussières organiques (coton, jute, endotoxine, grain, bois) ; les fumées et vapeurs (combustion, gaz d’échappement) ; les poussières métalliques (osmium, vanadium, fumées de soudure).

Les pneumologues rappellent qu’une fois constituée la maladie est la même, notamment au plan de la dégradation de la fonction respiratoire et des co-morbidités.

Quant au traitement il requiert, bien sûr, l’arrêt de l’exposition professionnelle. En raison de l’irréversibilité des lésions avec remodelage bronchique et destruction parenchymateuse, il se fonde en grande partie sur la réhabilitation à l’effort avec un réentraînement à une fréquence cardiaque cible. Elle peut être réalisée en centre ou en ambulatoire. Il convient de préciser au patient qu’elle « n’augmente pas le souffle, mais le rendement à l’effort ». Les acquis ainsi obtenus peuvent être conservés grâce à une activité physique régulière (marche, vélo…) à raison de 3/4 d’heures, trois fois par semaine. Les traitements sont proposés en fonction de la gravité : bronchodilatateurs, corticoïdes inhalés, oxygénothérapie, sans négliger les vaccins grippal et pneumococcique.

*Du 28 au 31 janvier 2011, au Grand Palais, Lille. Renseignements sur le site www.congres-pneumologie.fr

 Dr G. B.

Source : Le Quotidien du Médecin: 8891