La santé en librairie

Tarpé diem : Tout savoir sur le cannabis

Publié le 11/01/2011
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CE PETIT ouvrage à l’allure désuète, façon livre de botanique ancien, fourmille évidemment d’anecdotes sur la plante elle-même, sa culture et ses variantes, sur l’histoire des modes de consommation et de ses variations à travers le monde mais aussi sur ses défenseurs les plus professionnels et les plus ardents, ses amateurs les plus célèbres, des sportifs aux politiques en passant par les écrivains et les musiciens, et délivre toutes sortes d’autres curiosités sur le sujet.

Le discours sur le cannabis est changeant : on ne parlait sûrement pas de sa consommation en Chine au VIIIe siècle avant J C (âge du plus ancien joint connu et analysé) comme on en parlait en France dans les années 1970. Pour preuve, ce rappel du fameux « Appel du 18 Joint », texte publié en 1976 par le journal « Libération » en faveur de la dépénalisation du cannabis, signé à l’époque par de nombreux intellectuels, artistes et médecins engagé dans ce combat, véritable marque de fabrique d’une époque en France.

Tout passe, tout casse, tout lasse puisque, si cet appel est renouvelé chaque année, presque aucun des signataires de l’époque n’apparaît plus à cette commémoration annuelle, souligne l’auteur Nicolas Millet. D’autres les ont remplacés, car la consommation de cannabis ne fait que croître à peu près partout dans le monde.

Le club des hachichins.

L’ouvrage peut se lire d’une traite ou en fonction des questions de chacun. Les lecteurs qui s’intéressent à son usage médical disposeront de la liste des états d’Amérique du Nord qui l’autorisent (Alaska, Californie, Montana, Oregon et quelques autres) ou de ceux qui l’ont demandé ou les remèdes à base de chanvre proposés par Pline l’ancien. Les consommateurs éventuels noteront que la détection de cannabis, dont l’élimination est particulièrement lente, expose un conducteur à une peine de prison de deux ans et à une amende de 4 500 euros.

Les amateurs de littérature pourront découvrir de nombreux détails sur le club des hachichins, groupe d’intellectuels et d’écrivains fondé par le psychiatre Jacques-Joseph Moreau de Tours et par Théophile Gautier. Le but de ce club parisien, situé dans l’île Saint-Louis, dans l’Hôtel de Pimodan, demeure du peintre Fernand Boissard, était d’expérimenter le cannabis. Celui ci y était ingéré sous forme d’une confiture verte, mélange de résine et de divers ingrédients tels que des amandes, des épices et autres essences goûteuses. Baudelaire, Balzac, Nerval et bien d’autres évoqueront dans leurs écrits les impressions plus ou moins plaisantes de la consommation du dawamesk vécues dans ces réunions du club des hachichins. Plus récemment, dans les années 1950, deux Américains ont étudié les effets du cannabis sur les araignées et la fabrication de leur toile. Après consommation, ces arachnides créent une toile totalement irrégulière. D’où l’expression avoir une araignée au plafond ?

Nicolas Millet, « Petite encyclopédie du cannabis », Le Castor astral, 155 pages, 13 euros.

Dr CAROLINE MARTINEAU

Source : Le Quotidien du Médecin: 8882