Baisse de la mortalité par cancer en Europe

1,3 million de décès en 2011

Publié le 11/02/2011
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L’ANALYSE des tendances de la mortalité par cancer, en valeur absolue ou en taux, semble un élément essentiel des politiques de santé, que ce soit pour l’allocation des ressources ou pour définir les stratégies de prévention, les mettre en œuvre et les évaluer. « Toutefois ces données ne sont disponibles que bien des années après », soulignent le Pr Carlo La Vecchia (Milan) et col. dans l’étude qu’ils publient dans « Annals of oncology ». À partir des données de l’OMS disponibles pour la région Europe pour 2007 et des données les plus récentes de 6 pays les plus peuplés de la région : la France, l’Allemagne, l’Italie, la Pologne, l’Espagne et le Royaume-Uni, ils ont, à partir d’un modèle mathématique, estimer la mortalité par cancers en 2011 et comptent renouveler l’opération pour 2012.

Les données qu’ils présentent dans « Annals of oncology » montrent qu’en 2011, 1,281 million de personnes(721 000 chez les hommes et 560 000 chez les femmes) décéderont d’un cancer dans les 27 pays de l’Union européenne, un nombre qui reste relativement stable par rapport à l’année 2007 (1,260 million soit 703 000 hommes et 552 000 femmes). Rapportés à la population, les taux sont estimés à 142 pour 100 000 chez les hommes et à 85,3 pour 100 000 chez les femmes, soit une baisse de 7 % pour les uns et de 6 % pour les autres.

Poumon chez l’homme, sein chez la femme.

Le cancer du poumon restera la principale cause de mortalité chez l’homme (25 % de la mortalité par cancer) mais avec un taux de mortalité par cancer du poumon de 37,6 pour 100 000 en baisse de 9 % par rapport à 2007. Chez les femmes, la baisse s’explique essentiellement par la chute de la mortalité par cancer du sein qui, avec un taux de 15 pour 100 000, première cause de décès par cancer dans cette population. En revanche les cancers féminins du poumon continuent à augmenter de 12,6 pour 100 000 en 2007 à 13 pour 100 000 en 2011 et seront même devenus la première cause de décès chez les Polonaises.

Le cancer du poumon chez la femme est l’un des sites où la tendance ne sera pas à la baisse de même que le pancréas qui tendra à rester stable chez l’homme alors qu’il sera en légère progression chez la femme. Cependant, « la hausse inquiétante de la mortalité par cancer du pancréas chez les femmes observée en 2004, semble s’être stabilisée », indiquent les auteurs.

Certaines tendances sont spécifiques à certains pays. Ainsi les taux les plus élevés seront observés en Pologne dans les deux sexes avec une baisse de seulement 5 % chez les hommes et de 1 % chez les femmes. La mortalité par cancer chez l’homme sera aussi plus élevée en Espagne et en France.

L’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie auront en 2011, les taux de mortalité par cancer les plus bas, les deux derniers présentant des taux en baisse chez les hommes de 10 et 8 %. Paradoxalement la mortalité par cancer chez les femmes au Royaume-Uni sera une des plus élevée de l’UE, après la Pologne. L’Espagne, la France, l’Allemagne et l’Italie présenteront les taux de mortalité chez les femmes les plus bas d’Europe même si la différence par rapport à la moyenne européenne reste faible. « Même si la France a les taux de mortalité chez les femmes les plus faibles après l’Espagne, la baisse reste modérée en raison de l’augmentation de la mortalité par cancer du poumon », relèvent les auteurs.

Par type de cancers, la Pologne arrive souvent en tête pour le cancer colo-rectal (la France présente les taux les plus bas chez l’homme alors que pour la femme les taux les plus bas sont en Allemagne), le cancer de la prostate, les leucémies, le cancer de l’utérus (3 fois plus qu’en Allemagne).

Commentant les résultats de l’étude, le Pr Carlo La Vecchia souligne : « En dépit de tendances plutôt favorables de la mortalité par cancer en Europe, le nombre de cancers demeure à peu près stable, sans doute à cause du vieillissement de la population et il existe un écart important entre l’Europe de l’Ouest et l’Europe central ou de l’Est, un écart qui devrait persister dans les prochaines années ».

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8905