LA COLOSCOPIE est la technique de référence pour la détection des lésions de la paroi colique. Représentant 5 à 6 % du total des examens, les échecs sont souvent liés à une préparation colique insuffisante, mais aussi à une difficulté technique ou à un obstacle colique.
Selon les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS), le coloscanner était jusqu’à présent indiqué en cas d’échec de la coloscopie ou en cas de contre-indication. La vidéocapsule endoscopique, technique qui permet depuis quelques années d’explorer le grêle dans sa quasi-totalité, a été adaptée pour le côlon. La vidéoscapsule colique est plus grosse et dispose d’une caméra aux deux extrémités. Sa durée de fonctionnement a été augmentée jusqu’à une dizaine d’heures. Elle se met en pause quelques minutes après son ingestion et se remet en marche deux heures plus tard. Cela permet d’occulter en grande partie l’examen du grêle pour économiser l’énergie de la batterie. La préparation du patient a pour finalité d’obtenir la vacuité colique et de permettre une progression rapide dans l’intestin. Son protocole, complexe et relativement astreignant, associe laxatifs, solutions PEG et prokinétiques, voire des suppositoires laxatifs. La durée de lecture est de 40 minutes en moyenne.
Les dimensions de la capsule, 26 mm de longueur sur 11 mm de diamètre, peuvent faire craindre son blocage en cas de suspicion d’occlusion, de sténose connue, de maladie de Crohn, d’antécédents de radiothérapie abdominale et de prise chronique d’anti-inflammatoires non stéroïdiens ; des situations dans lesquelles il est préférable d’éviter d’utiliser la capsule.
Afin de préciser l’apport clinique de la capsule colique en situation d’échec ou de contre-indication à la coloscopie, une étude prospective multicentrique a été conduite auprès de 100 patients, recrutés par 17 centres français, chez lesquels l’examen devait être fait en raison de symptômes ou pour un dépistage motivé par des antécédents ou un Hemoccult positif. L’objectif principal était d’évaluer le taux de diagnostics utiles, définis par l’identification d’une lésion colorectale rendant compte des symptômes ou nécessitant la réalisation d’un autre examen dans un objectif de confirmation diagnostique ou thérapeutique (coloscopie ou coloscopie double-ballon). L’objectif secondaire était d’apprécier la faisabilité d’une préparation simplifiée utilisant la formulation Moviprep associant macrogol et acide ascorbique.
Sur 97 patients inclus, deux ne correspondaient pas aux critères des indications de coloscopie conformément aux recommandations de la HAS. Un échec technique en raison d’une stagnation de la capsule en amont ou au niveau du côlon droit est survenu dans 6 cas (6,2 % des sujets de l’étude). Un examen colorectal complet par capsule a été réalisé chez 89 patients. Un diagnostic utile a été obtenu chez 33 patients, ce qui correspond à un taux de 37 %. Des lésions colorectales non significatives ont été visualisées chez 18 malades, soit 20 % de l’effectif total. Le taux de diagnostics utiles a été de 34,3 % lorsque l’indication de l’examen était le dépistage (présence d’un polype ≥ 5 mm ou d’au moins trois polypes) et de 38,8 % quand l’indication était la présence de symptômes (télangiectasies, 7 cas ; inflammation, 2 cas ; polypes significatifs, 6 cas et diverticulose, 2 cas).
Ainsi, globalement, dans cette étude en intention de traiter, la capsule colique a fourni un diagnostic utile chez 34,7 % des 95 patients et la préparation a été jugée bonne ou excellente dans 75,9 % des cas. Ce travail, réalisé dans les conditions de la pratique courante, montre la faisabilité de l’examen en cas d’échec de coloscopie. Le taux de diagnostics pertinents est apparu élevé et la préparation choisie efficace.
Une étude multicentrique prospective comparant coloscopie virtuelle et vidéocoloscopie.
En ce qui concerne la coloscopie virtuelle, son efficacité a été déterminée essentiellement d’après les résultats de séries monocentriques issues de centres experts. Par ailleurs, une étude multicentrique américaine a mis en évidence que les résultats pouvaient varier d’un centre à l’autre. C’est pourquoi une étude a été entreprise afin d’évaluer l’efficacité de cette technique de manière prospective et multicentrique, après formation centralisée à la lecture de l’examen. Vingt-six centres ont participé et ont inclus 738 patients âgés de 57 ans en moyenne. Une coloscopie virtuelle et une vidéocoloscopie optique étaient faites le même jour.
Un total de 1 140 polypes, 522 adénomes, 316 polypes hyperplasiques et 302 polypes inflammatoires ou lymphoïdes ont été diagnostiqués chez 415 patients par la coloscopie optique. Le diamètre était › 5 mm pour 258 polypes et ≥ 10 mm pour 117. La sensibilité par lésion de la coloscopie virtuelle a été de 61 % et de 74 % pour les polypes respectivement › 5 mm et ≥ 10 mm, et de 63 % et 75 % pour les adénomes respectivement › 5 mm et › 10 mm. La sensibilité et la spécificité par patient pour des polypes de plus de 5 mm étaient de 71 et 91 %, de 73 et 97 % pour les polypes de plus de 10 mm. Ces chiffres étaient comparables chez les sujets à risque moyen ou élevé de cancer colorectal.
Ainsi, cette étude montre que les résultats de la coloscopie virtuelle pour le diagnostic des polypes dans une étude multicentrique nationale prospective sont proches de ceux des études monocentriques après une formation qualifiée et de ceux des métaanalyses, mais en deçà des résultats obtenus dans l’étude pivotale de Pickhart. La sensibilité reste toutefois corrélée avec le nombre d’examens et/ou de lésions analysés par chaque radiologue.
D’après un entretien avec le Pr Jean-Christophe Saurin, service d’hépato-gastroentérologie, hôpital Edouard-Herriot, Lyon.
(1) De Leusse A, et coll. CREGG. Apport clinique de la capsule colique chez des patients en échec ou contre-indication de coloscopie : étude prospective multicentrique. Abs. CO.05.
(2) Heresbach D, et coll. Etude multicentrique prospective de la coloscopie virtuelle comparée à la vidéocoloscopie. Abs. CO.213.
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