Bilan 2023

Cancers de l'enfant : Curie à la pointe en protonthérapie

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Publié le 15/12/2023
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Radiothérapie par mini-faisceaux, technique Flash, molécules leurres, l'Institut Curie innove en radiothérapie et plus particulièrement en protonthérapie.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Plus d'une centaine d'enfants sont traités à l'Institut Curie en radiothérapie tous les ans, avec les techniques les plus avancées, notamment la protonthérapie. Le site de l'Institut à Orsay est le premier centre de protonthérapie en France.

Plusieurs types de maladies y sont traités pour des localisations intra- et extra-crâniennes, en particulier chez les enfants. « Les propriétés de focalisation de la protonthérapie réduisent la dose d'irradiation totale à laquelle le corps est exposé et en fait la méthode de choix lorsque la tumeur se trouve à proximité d'organes sensibles », rappelle un communiqué de l'Institut.

Curie est l'unique centre de protonthérapie en France à réaliser des irradiations cranio-spinales. « C’est le seul centre prenant en charge les médulloblastomes (tumeurs du cervelet) et certaines tumeurs cérébrales », est-il souligné. Chez les tout-petits, l’Institut Curie traite des localisations abdominales (neuroblastome), médiastinales (sarcome, lymphome de Hodgkin), au niveau du sacrum et du rachis (sarcome d’Ewing, chordome). Des techniques très spécifiques avec apnée permettent de traiter des tumeurs à proximité du diaphragme.

« Autre particularité : l’Institut Curie traite beaucoup d’enfants sous anesthésie générale (une technique longue pour les moins de quatre/cinq ans), ou grâce à l’hypnose pour les plus grands enfants (à partir de cinq/six ans) », est-il ajouté.

Des faisceaux submillimétriques

Parmi les avancées novatrices, la radiothérapie par mini-faisceaux de protons (pMBRT) figure en bonne place. Cette technique de délivrance de dose découverte à l'Institut Curie utilise des faisceaux de protons submillimétriques et s'avère très prometteuse pour les tumeurs radiorésistantes et de mauvais pronostic, en particulier en pédiatrie. C'est l'équipe « Nouvelles approches en radiothérapie » dirigée par Yolanda Prezado, directrice de recherche au CNRS, qui est à l'œuvre dans cette découverte. Les premiers résultats ont entraîné une réduction importante des séquelles (capacité d'apprentissage, mémoire, anxiété).

Découvert en 2014 dans les laboratoires de l’Institut Curie à Orsay par l’équipe du Dr Vincent Favaudon, chercheur radiobiologiste à l’Inserm, le « Flash » est une technique de radiothérapie dans laquelle une irradiation à ultra-haut débit de dose est délivrée en une fraction de seconde, soit 1 000 à 10 000 fois plus intense qu'en radiothérapie conventionnelle. Des études précliniques en Flash proton conduites par Yolanda Prezado ont révélé une réduction de la toxicité par rapport à la protonthérapie conventionnelle dans les tumeurs du système nerveux central chez les jeunes.

Autre innovation : des molécules « leurres », les Dbait (bait signifiant appât en anglais) qui augmentent l’efficacité de la radiothérapie. Un espoir pour lutter contre les cancers pédiatriques à haut risque.

Recherche intégrée d'excellence : les trois lauréats de l'Inca

L'Institut national du cancer (Inca) a présenté le 27 novembre les trois lauréats de Pediacriex23 pour une recherche intégrée d'excellence sur les cancers de l'enfant. Une somme de 15 millions d'euros leur sera attribuée pour cinq ans.

Sont ainsi sélectionnés : EN-Hope Smart4CBT (Nancy, Lille et Strasbourg) qui étudie les mécanismes de résistance des tumeurs cérébrales aux radiothérapies ; le Paris Kids Cancer (AP-HP, Gustave-Roussy, Institut Curie) qui travaille en particulier sur l'oncogenèse pédiatrique ; South-Rock (centre Léon-Bérard à Lyon et Marseille) qui vise entre autres à intégrer les signatures moléculaires en thérapeutique. 

Dr Irène Drogou

Source : Le Quotidien du médecin