Nutrition et prévention des cancers

Des chiffres convaincants pour suivre les recommandations de l’INCa

Publié le 22/06/2011
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L’union fait la force ! Dans le cadre du programme national nutrition santé (PNNS), l’Institut national du cancer (INCa) a coordonné l’actualisation de l’édition 2003 « Alimentation, nutrition et cancers : vérités, hypothèses et idées fausses».

Cette nouvelle brochure destinée aux professionnels de santé est intitulée « Nutrition et prévention des cancers : des connaissances scientifiques aux recommandations ». Elle s’appuie sur les études du réseau National alimentation cancer recherche (NACRe) et sur le rapport du World Cancer Research Fund (WCRF) et de l’American Institute for Cancer Research (AICR) publié en novembre 2007. Ce rapport est issu d’un long processus d’analyse de la littérature scientifique et d’évaluation du niveau de preuve. Seuls les niveaux de preuve convaincants ou probables sont dits concluants pour la prévention des cancers et doivent conduire à des recommandations de santé publique.

Les facteurs nutritionnels qui augmentent le risque de cancer

. L’alcool

La consommation de boissons alcoolisées augmente le risque de plusieurs cancers.

Certes le Français boit moins depuis les années 60 mais sa consommation reste encore une des plus élevée du monde (6e rang mondial) et en Europe (4e rang européen) (OMS,2004). Une relation dose-effet significative a été mise en évidence. Le pourcentage d’augmentation du risque a été estimé par verre de boisson alcoolisée consommé par jour. Cette majoration est de 168% pour les cancers de la bouche, du pharynx et du larynx, de 28% pour l’œsophage, de 9% pour le cancer du côlon-rectum et de 10% pour le cancer du sein. La consommation d’alcool est trois fois plus fréquente chez l’homme que chez la femme. (20,3% versus 7,3%) et touche essentiellement les générations âgées (42% des 65-75 ans). Mais chez les jeunes, les ivresses alcooliques gagnent du terrain depuis quelques années. Vingt six pour cent des adolescents de 17 ans déclarent

avoir été ivre au moins trois fois au cours de l’année 2005 (contre 20% en 2003) et 9,7% au moins dix fois (contre 6,4% en 2003). Le terme de « binge drinking » (consommation excessive occasionnelle ) résume bien ces comportements. Cette consommation excessive dès l’adolescence doit être dépistée.

. Le surpoids et l’obésité

L’augmentation de la corpulence est également associée à une augmentation du risque de plusieurs cancers. Le pourcentage d’augmentation du risque a été estimé pour une augmentation de l’IMC de 5kg /m2. Selon les auteurs du rapport « cette majoration de la corpulence de 5 points augmente de 8% le risque de cancer du sein, de 14% celui du cancer du pancréas, de 15% le risque de cancer colo-rectal, de 31% le risque de cancer du rein, de 52% le risque de cancer de l’endomètre et de 55% celui de l’œsophage ». En 2007, le surpoids ( 25≤IMC <30) concernait 31 à 32% de la population adulte en France et l’obésité (IMC ≥30) 12 à 17%. « Le risque de surpoids ou d’obésité est diminué de manière convaincante par la pratique d’activité physique et de manière probable par la consommation d’aliment à faible densité énergétique ».

. Viandes rouges et charcuteries

La consommation de viandes rouges (bœuf, porc, mouton et chèvre) augmente le risque de cancer du colo-rectal (de 29% par portion de 100g consommé par jour). Il est conseillé de limiter cette consommation 500g par semaine et de compléter les apports en protéines par des viandes blanches, du poisson, des œufs et des légumineuses.

La consommation de charcuteries augmente le risque de cancer colo-rectal de 21% par portion de 50g consommé par jour.

. Sels et aliments salés

La consommation de sel et d’aliments salés augmente de manière globale le risque de cancer de l’estomac. Cette relation est jugée probable. L’INCa recommande de limiter la consommation d’aliments transformés (charcuteries, fromages etc. ) et l’ajout de sel pendant la cuisson ou dans l’assiette.

. Les compléments alimentaires

Les données actuelles concernant les compléments alimentaires incitent à la prudence car leur utilisation peut présenter plus de risques que de bénéfices. Ceci est étayé par l’augmentation du risque de cancer du poumon chez des fumeurs ayant consommé des compléments alimentaires à base de bêta-carotène.

Les facteurs nutritionnels qui diminuent le risque de cancer

. L’activité physique

« Il va falloir bouger car c’est vraiment bon pour la santé mais pas de panique ! » souligne l’INCa « on ne vous demande pas de courir un marathon. L’activité au sens large inclut tous les mouvement effectués dans la vie quotidienne et ne se réduit pas à la seule pratique sportive. Elle intègre l’activité physique dans le cadre de la vie professionnelle et de la vie courante (activités ménagères, jardinage, transports etc.…) ». A côté de son implication dans la protection vis à vis de la surcharge pondérale (facteur de risque convaincant de plusieurs cancers) , l’activité physique est associée à une diminution de risque du cancer du côlon, du sein après la ménopause et de l’endomètre. Dans le cadre du cancer du côlon, pour laquelle la relation est jugée convaincante, le pourcentage de diminution du risque pour les individus les plus actifs par rapport aux moins actifs se situe entre 18 et 29% selon le type d’activité physique considéré ou son intensité. Pour l’année 2000, on estime que 2200 décès par cancer seraient attribuables à l’inactivité.

. Fruits et légumes

La consommation de fruits et légumes est associée à une diminution du risque de plusieurs cancers. Les rapports internationaux relèvent un effet protecteur jugé comme probable sur les cancers des voies aérodigestives supérieures (œsophage, cavité buccale, larynx et pharynx), les cancers de l’estomac et du poumon (pour les fruits seulement). De plus, leur faible teneur en calories participe au maintien d’un poids corporel normal et à la prévention du surpoids et de l’obésité. Une alimentation riche en fibres (céréales complètes, fruits, légumes, légumineuses) est associée à un moindre risque de développer une cancer colorectal (niveau de preuve probable).

« Mais attention, il est important de rappeler que la prise de compléments alimentaires n’est pas équivalente à la consommation de fruits et légumes ». Un énorme effort d’éducation reste à faire car moins de la moitié (43%) de la population adulte consomme au moins 5 fruits et légumes, apports quotidiens recommandés.

. L’allaitement

L’allaitement a chez la mère un effet protecteur jugé convaincant sur le cancer du sein

D’après les experts « la mise en œuvre des recommandations simples qui consistent à réduire la consommation de boissons alcoolisées, de favoriser une alimentation équilibrée et diversifiée évitant de recourir à des compléments alimentaires et la pratique d’une activité physique régulière pourrait permettre d’éviter environ un tiers des cancers les plus communs ».

Référence : brochure « Nutrition et prévention des cancers : des connaissances scientifiques aux recommandations : www.e-cancer.fr

Dr MARIE-LAURE DIEGO-BOISSONNET

Source : Nutrition