Enfants et jeunes adultes : l'exposition aux radiations du scanner accroît le risque de cancer du cerveau 

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Publié le 12/12/2022
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Crédit photo : PHANIE

L'étude de cohorte européenne EPI-CT, menée par des scientifiques du Centre international de recherche sur le cancer (Circ), confirme que l'exposition du cerveau aux radiations provenant des examens tomodensitométriques (scanner) de la tête est associée à un risque accru de cancer cérébral chez les enfants et les jeunes adultes. Ces résultats sont parus dans le « Lancet Oncology ».

Selon les auteurs, la relation dose-réponse significative mise en évidence dans cette vaste étude multicentrique entre l'exposition aux rayonnements liés au scanner et le cancer du cerveau souligne la nécessité de justifier soigneusement le recours au scanner en pédiatrie et d'utiliser des doses aussi faibles que possible.

« Les risques observés dans l'étude sont faibles, précise la Dr Ausrele Kesminiene, coordinatrice de l'étude EPI-CT. Cependant, ils sont importants au niveau de la population, car des millions d'examens pédiatriques par tomodensitométrie sont réalisés chaque année en Europe et dans d'autres pays. »

Une majorité de gliomes

De précédentes études, de plus petite taille, avaient déjà suggéré le lien entre examen par tomodensitométrie et risque de cancer du cerveau. « Cependant, il manquait des estimations précises et robustes du risque de cancer en fonction de la dose de rayonnement de la tomodensitométrie », indique le Dr Michael Hauptmann, professeur à la faculté de médecine de Brandebourg à Neuruppin, en Allemagne, et premier auteur de l'article.

L'étude porte sur les données de 276 hôpitaux de neuf pays (Allemagne, Belgique, Danemark, France, Pays-Bas, Norvège, Espagne, Suède et Royaume-Uni). Quelque 948 174 personnes ayant eu au moins un scanner avant l'âge de 22 ans documenté entre 1977 et 2014 et n'ayant pas eu de diagnostic antérieur de cancer ou de tumeur cérébrale bénigne ont été identifiées. Parmi elles, 658 752 personnes en vie et sans cancer cinq ans après le premier scanner ont été incluses. Au cours d'un suivi médian de 5,6 ans, 165 cancers du cerveau ont été enregistrés, dont 121 gliomes (73 %).

La dose cumulative moyenne enregistrée dans le cerveau, cinq ans après le premier scanner, était de 47,4 mGy chez tous les individus et de 76,0 mGy chez les personnes atteintes d'un cancer du cerveau.

Une relation dose-réponse linéaire statistiquement significative a été observée, avec un excès de risque relatif par dose de rayonnement de 100 mGy au cerveau de 1,27 (IC 95 %, 0,51-2,69) pour tous les cancers du cerveau et de 1,11 pour les gliomes (IC 95 %, 0,36-2,59).

Un cas de cancer pour 10 000 enfants

Les chercheurs ont également constaté que pour 10 000 enfants ayant subi un examen tomodensitométrique de la tête, un cas de cancer du cerveau radio-associé est attendu au cours des 5 à 15 années suivant l'examen.

« Notre étude, menée auprès de près d'un million d'enfants et de jeunes adultes, est de loin la plus importante à montrer le risque accru de cancer du cerveau après exposition aux radiations du scanner, souligne le Dr Hauptmann. Nous savons maintenant, grâce à des preuves épidémiologiques solides, qu'une procédure de diagnostic très utile et populaire, le scanner, comporte un faible risque de complication secondaire grave à long terme. »

Pour la Dr Kesminiene, ces résultats « soulignent la nécessité d'adhérer aux principes de base de la radioprotection dans la pratique médicale afin de garantir que cette précieuse procédure de diagnostic soit utilisée de la manière la plus appropriée possible ».


Source : lequotidiendumedecin.fr