Leur fréquentation est « fortement déconseillée » par l’INCa

Faut-il interdire les cabines d’UV ?

Publié le 29/04/2009
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Crédit photo : PHANIE

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LE BILAN des 1 066 contrôles effectués en 2008 par la DGCCRF est édifiant. Certains instituts n’hésitent pas à alléguer un bénéfice des séances UV pour la santé. « Si vous avez de l’acné, du psoriasis, l’UV radiation peut avoir un effet positif  », clame cet institut de beauté en Midi-Pyrénées. « Aujourd’hui, il est scientifiquement prouvé que l’utilisation des cabines de bronzage prépare la peau avant une exposition au soleil », assure ce dépliant d’un établissement de l’Aube. L’un et l’autre de ces commerces ont fait l’objet d’un rappel à l’ordre. Tout comme 268 autres, coupables d’infractions diverses à au décret du 30 mai 1997 qui encadre l’activité des cabines de bronzage (voir encadré). Si plus du quart des contrôles ont constaté des manquements réglementaires, aucun n’a cependant donné lieu à une suspension d’activité.

Souvent, note le rapport de la DGCCRF les professionnels se retranchent derrière « des comportements particulièrement irresponsables de clients qui souhaitent, malgré les mises en garde, prolonger les séances au-delà des préconisations ». Pour s’en prémunir, certains ont même mis en place des minuteries verrouillées avec une durée maximale (en général 20 minutes). La plupart respectent l’interdiction de mise à disposition des appareils à des mineurs et, globalement, le personnel semble correctement formé, même si des « oublis ou une méconnaissance » de l’obligation de formation continue d’être constatées. Les enquêteurs déplorent aussi des carences concernant le contrôle technique des installations, obligatoire tous les deux ans. « Les manquements sur ce point, nuance leur rapport, sont en général liés aux délais d’intervention très longs des organismes agréés. »

Entre l’insuffisance desdits organismes et la pression irresponsable de certains clients, faudrait-il donner quitus aux cabines ? Certes, rappelle la DGCCRF, « leur usage est déconseillé par les autorités de santé ». Et la surveillance s’impose donc, l’exposition aux ultraviolets artificiels faisant courir les mêmes risques de cancer de la peau que le soleil. Mais si l’affichage réglementaire des recommandations de prudence et des conseils d’usage à destination du public est assuré, en général, de manière satisfaisante, peut-on reléguer dans les arrière-boutiques les mises en garde alarmistes de l’Institut national du cancer ? « Jusqu’à une période récente, indique le site Internet de l’INCA*, il était admis que les UV artificiels n'étaient pas réellement dangereux pour les utilisateurs de cabines de bronzage, dès lors que les conditions d’usage étaient conformes à un certain nombre de règles. » Cependant, « depuis quelques années, plusieurs études internationales démontrent que les UV artificiels sont associés à un risque accru de développement de cancers cutanés, et notamment de mélanomes. Ces UV artificiels augmentent les risques des atteintes oculaires, du vieillissement de la peau et des cancers de la peau (dont mélanome). Et ces séances en cabine de bronzage ne préparent pas la peau au soleil. Les UV artificiels ne font que s’ajouter aux UV du soleil et renforcer l’effet cancérigène (...) Les rayons émis par les appareils sont d’autant plus dangereux qu’ils sont puissants et délivrés dans un temps court, alors que la peau supporte mal les agressions brutales.  »

Ce contexte scientifique qui réévalue les risques a d’ores et déjà conduit une partie des professionnels à adapter leur communication commerciale. Se présentant comme « le n° 1 du bronzage », Point Soleil affiche par exemple sur les vitrines de ses 120 centres la mention, en caractères aussi apparents que ceux de l’enseigne : « A consommer avec modération ». Et les dépliants publicitaires mettent en tête des engagements la sécurité (entretien des machines), l’hygiène (asepsie des locaux) et le conseil santé (adapté au type de peau et au hâle de chaque client).

La question d’une mise à jour réglementaire reste pourtant posée, entre l’usage simplement « déconseillé » que stipule la DGCCRF et l’usage « fortement déconseillé » selon l’INCA.

* www.e-cancer.fr.

 CHRISTIAN DELAHAYE

Source : lequotidiendumedecin.fr