Forte augmentation des cas de cancer chez les moins de 50 ans depuis 1990

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Publié le 06/09/2023

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

L'incidence des cancers précoces, chez les personnes âgées de moins de 50 ans, a augmenté de 79,1 % dans le monde entre 1990 et 2019, évalue une étude internationale publiée ce 6 septembre dans « BMJ Oncology »

Les chercheurs se sont penchés sur les données tirées de l'enquête 2019 du « Global Burden of Disease », portant sur 29 cancers, dans 204 pays. 

Progression fulgurante pour les cancers nasopharyngés et de la prostate

En 2019, le nombre de nouveaux cas de cancers dans le monde chez les 14-49 ans s'élève à 3,26 millions, soit une hausse de l'incidence de 79,1 % depuis 1990. Les augmentations les plus marquées concernent les cancers du nasopharynx (+ 2,28 % par an) et de la prostate (+ 2,23 % par an) - même si le cancer du sein reste le plus fréquent, tandis que la plus forte baisse concerne le cancer du foie (-2,88 % par an). 

En termes de mortalité, le cancer est à l'origine de 1,06 million de décès chez les moins de 50 ans, soit  « seulement » 27,7 % de hausse sur 30 ans, soulignent les auteurs. Les cancers les plus mortels sont ceux du sein (13 % des décès par cancer avant 50 ans), du système digestif (trachée, estomac, colorectum, 32 %), et du système respiratoire (cancers bronchopulmonaires, 15 % ). 

La mortalité des cancers du rein et des ovaires a le plus vite augmenté ; celle du cancer du foie, le plus diminué.

Les pays à revenu élevé touchés, leur mode de vie en question

Les cancers chez les moins de 50 ans se concentrent plus particulièrement dans les régions affichant un index sociodémographique élevé. C'est notamment le cas du cancer colorectal et de celui du sein. Par ailleurs, c'est dans les pays à revenu intermédiaire, que les cancers bronchopulmonaires et de l'estomac sont les pus nombreux dans cette classe d'âge. Ainsi, l'Amérique du Nord, l'Australie, ou l'Europe de l'Ouest sont les plus exposés. À l’opposé, l'incidence est la plus faible en Afrique sub-saharienne et centrale, même si les estimations sont probablement sous-estimées. 

Un meilleur dépistage ne peut seul rendre compte de l'augmentation de l'incidence dans les pays favorisés, considèrent les auteurs. D'autant qu'une minorité de pays a mis en place un dépistage pour les moins de 50 ans pour certains cancers (col de l'utérus, sein, colorectum). 

Les différences entre les régions s'expliquent surtout par l'environnement, l'hygiène de vie et l'accès aux traitements, lit-on. Sont notamment incriminés la consommation d'alcool, l'usage de tabac, la sédentarité, des indices glycémiques élevés, un régime pauvre en fruit ou en céréales complètes, ou encore la pollution, sans oublier les facteurs génétiques (qui pèsent plus dans l'apparition de la pathologie chez les jeunes, que chez les plus âgés). 

Les auteurs notent en revanche que même si l'incidence augmente avec le niveau de richesse du pays, le taux de mortalité et d'années de vie en incapacité diminue, grâce aux progrès médicaux et technologiques. Et d'appeler à développer la surveillance et la prévention des cancers précoces dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires. Une urgence, alors que le nombre de cas de cancers pourrait augmenter de 31 % d'ici à 2030, principalement chez les 40-50 ans, dans les dix prochaines années, selon une modélisation des auteurs.

Néanmoins, plusieurs experts nuancent la portée de l'étude, pointant une méthodologie qui repose surtout sur des chiffres absolus, et non sur des taux ou risques de cancer par personne. Ce qui peut induire une sous-estimation de la dynamique démographique, notamment de l'augmentation de la taille ou du vieillissement de la population. 


Source : lequotidiendumedecin.fr