La Ligue contre le cancer demande une meilleure prise en charge des patients âgés

Par
Publié le 09/06/2017
AGEE

AGEE
Crédit photo : S. Toubon

Plus d'un nouveau cas de cancer sur 3 (120 000 cancers sur 385 000 nouveaux cas diagnostiqués) survient chez une personne de plus de 75 ans ; une proportion qui devrait s'élever à un sur deux d'ici à 2050, indique le 6e rapport de l'Observatoire des cancers, publié ce 8 juin par la Ligue contre le cancer. Pourtant ces cancers sont trop tardivement diagnostiqués et les essais thérapeutiques font défaut pour cette population.

Selon le rapport, ce retard au diagnostic constitue une perte de chance : la moitié de la mortalité par cancer touche les sujets âgés, lit-on. En cause : la difficulté qu'ont les seniors à exprimer ce qu'ils ressentent, la confusion entre douleurs liées au cancer et à la vieillesse, l'idée reçue selon laquelle il n'y aurait pas d'urgence à se soigner (la pathologie évoluerait plus lentement, les personnes étant plus fragiles, etc.), et un rapport lointain avec le dépistage, celui des cancers du sein et du côlon-rectum n'étant pas proposé au-delà de 75 ans.

En conséquence, les options thérapeutiques sont réduites (certains traitements étant incompatibles avec d'autres affections liées à l'âge), et les effets secondaires des traitements sont plus lourds à supporter l'âge progressant.

Par ailleurs, seulement 1 à 2 % des personnes âgées de 75 à 85 ans sont incluses dans des essais cliniques en cancérologie, qui sont ainsi loin de refléter l'épidémiologie des cancers dans la population ; la majorité des patients reçoit un traitement standard ajusté, alors qu'il leur faudrait une prise en charge spécifique et complexe.

Sensibiliser les plus de 75 ans au dépistage

En réaction, la Ligue contre le cancer préconise de créer une consultation spécifique avant 75 ans pour que le médecin traitant fasse le point sur les facteurs de risque du cancer que présentent leurs patients, et leur rapport au dépistage. En outre, deux lettres d'invitation au dépistage devraient être envoyées aux personnes âgées pour les sensibiliser au fait qu'elles sortent du dépistage organisé, et les inviter à consulter leur médecin traitant pour une surveillance régulière.

La Ligue plaide pour le développement des essais cliniques de phases avancées spécifiques aux plus de 75 ans, ou au moins, une meilleure prise en compte de cette population dans les essais existants. Elle demande le développement de la formation des professionnels de santé à la prise en charge du cancer chez les seniors et la promotion des référentiels élaborés en oncogériatrie.

Enfin, la Ligue demande des solutions d'hébergement non médicalisées proches des centres de traitements, et le remboursement des frais de transport pour favoriser le suivi post-traitement. Les conditions de vie dégradées de personnes âgées (solitude pour les 2/3, moins de 1 000 euros par mois pour 40 %, etc.) aggravent le vécu du cancer, déplore l'observatoire, alors qu'un senior sur six dire supporter difficilement la vie avec la maladie.


Source : lequotidiendumedecin.fr