Un gain sur la survie

Le cetuximab apporte un plus dans le cancer du poumon

Publié le 04/05/2009
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« LE CANCER du poumon, souvent diagnostiqué après l’apparition de métastases, est la cause numéro un de décès par cancer dans le monde », rappellent Roy Herbst et Fred Hirsch, signataires dans le « Lancet » d’un éditorial accompagnant l’article de Robert Pirker et coll. sur les résultats de FLEX.

Les patients qui ont un cancer du poumon non à petites cellules à un stade avancé sont traités avec une association de médicaments à base de platine (exemple : cisplatine, carboplatine) ou autre (exemple : vinorelbine). Des stratégies destinées à améliorer la survie des patients incluent l’adjonction, à la chimiothérapie, de médicaments ciblés. L’EGFR (Epidermal Growth Factor Receptor) est une cible prometteuse dans ce type de cancer. L’erlotinib et le gefitinib (inhibiteurs de tyrosine kinase dirigés contre l’EGFR) constituent des options établies chez les patients ayant un cancer avancé chez les patients prétraités par du platine. Mais leur adjonction à la chimiothérapie de première ligne n’améliore pas l’évolution.

Anti-EGFR.

Le cetuximab (Erbitux) est un anticorps monoclonal anti-EGFR, qui, dans des essais précliniques, a montré une activité lorsqu’il est administré avec le cisplatine. Un essai randomisé de phase II chez 86 patients avec un cancer du poumon non à petites cellules exprimant l’EGFR a suggéré une augmentation du taux de réponse et une amélioration de la survie chez les patients recevant le cetuximab en plus du cisplatine et de la vinorelbine par rapport à ceux ne recevant que le cisplatine et la vinorelbine. C’est dans ce contexte qu’a été réalisé l’essai de phase III FLEX (First-Line ErbituX), réalisé en ouvert.

FLEX a été conduit dans 155 centres de plusieurs pays dont, en France, des équipes de Brest, Caen, Grenoble, Marseille, Paris, Poitiers, Rennes, Rouen, Strasbourg et Tours.

Entre octobre 2004 et janvier 2006, ont été inclus 1 125 patients de plus de 18 ans, atteints d’un cancer du poumon non à petites cellules, exprimant l’EGFR, à un stade IIIB ou IV. Ces patients étaient naïfs de tout traitement. Dans un rapport 1/1, ces patients ont été répartis en deux groupes : groupe cetuximab plus chimiothérapie (557) et groupe chimiothérapie seule (558).

La chimiothérapie associait cisplatine I. V. à J1 et vinorelbine à J1 et J8, à chaque cycle toutes les trois semaines. Le cetuximab (dose initiale de 400 mg/m 2 I. V. en deux heures à J1 puis, à partir de J8, 250 mg/m 2 en une heure une fois par semaine) a été continué après la fin de la chimiothérapie jusqu’à progression de la maladie ou l’apparition d’une toxicité inacceptable. L’objectif primaire était la survie globale. L’analyse a été effectuée en intention de traiter.

Résultat : les patients ayant reçu la chimiothérapie associée au cetuximab ont vécu plus longtemps que ceux ne recevant que la chimiothérapie (médiane : 11,3 mois versus 10,1 mois ; p = 0,044).

Le principal effet secondaire associé au cetuximab a été une éruption acnéiforme.

« L’addition de cetuximab à la chimiothérapie à base de platine représente une nouvelle option thérapeutique pour les patients ayant un cancer du poumon non à petites cellules », concluent les auteurs.

The Lancet du 2 mai 2009, pp. 1525-1531 et 1497-1498.

 Dr EMMANUEL DE VIEL

Source : lequotidiendumedecin.fr