PAS DE DOUTE, le soleil est bien l’ennemi public numéro 1 de la peau. Mais pour se protéger des cancers cutanés, ce ne pourrait pas être le seul facteur dont il faudrait se méfier. Selon une étude menée dans le New Hampshire, les papillomavirus (HPV) de la famille bêta joueraient un rôle dans la survenue de carcinomes spino-cellulaires, et en particulier en cas de co-infection à plusieurs types. Telles sont les conclusions de l’équipe du Pr Margaret Karagas, qui a voulu évaluer la relation entre la survenue de cancers cutanés non mélanocytaires et l’infection aux virus HPV de la famille bêta. Pour ce faire, les épidémiologistes ont testé a posteriori les sérologies de 16 sous-types chez 2 366 participants, 1 561 patients ayant eu un cancer cutané, dont 663 un carcinome épidermoïde et 898 un carcinome basocellulaire, et 805 sujets issus de la population générale.
16 types d’HPV testés
Dans cette étude, les chercheurs ont pris comme population d’étude l’ensemble des cas de carcinomes cutanés non mélanocytaires diagnostiqués sur les périodes 1993-95 et 1997-2000, chez des sujets âgés alors entre 25 et 74 ans habitant le New Hampshire. Les témoins étaient choisis dans la population générale afin d’être appariés sur l’âge et le sexe. Pour chaque participant, il était demandé de remplir un questionnaire à domicile et de bien vouloir réaliser un prélèvement sanguin pour tester les sérologies HPV. L’hypothèse spécifique de l’étude n’était pas détaillée pour ne pas influencer les réponses. Ainsi, le questionnaire comprenait des items relatifs au niveau d’éducation, au tabagisme, à la prise d’une corticothérapie prolongée (≥1 mois), à l’examen des lésions cutanées pigmentaires et des nævus et à la sensibilité cutanée à l’exposition solaire (coups de soleil). Pour estimer la durée d’exposition, il fallait fournir le temps passé à l’extérieur les jours de travail et de repos, en été et le reste de l’année, la notion de bains de soleil et le nombre de coups de soleil douloureux. Les sérologies de seize types viraux de la famille bêta des HPV ont été testées a posteriori sur la notion que les sérologies restent longtemps positives. Il s’agissait de mesurer les anticorps L1 des types 5, 8, 9, 15, 17, 20, 23, 24, 36, 38, 49, 75, 76, 92, 96 et107.
Co-infection à risque
Si les hommes avaient légèrement plus de sérologies positives HPV que les femmes, cette tendance n’était pas significative. Quant à l’âge, au niveau d’éducation, au tabagisme, à la sensibilité cutanée au soleil et au nombre de coups de soleil, aucune relation n’a été constatée. Le risque de carcinome épidermoïde était augmenté pour chacun des types testés et d’autant majoré en cas de co-infection par plusieurs d’entre eux. Le risque de carcinome épidermoïde augmentait ainsi régulièrement selon le nombre de types détectés : odds ratio (OR) de 0,99 (0,73 à 1,33) pour un seul type identifié, OR de 1,44 (1,03 à 2,01) pour 2 à 3 types positifs, OR de 1,51 (1,03 à 2,20) pour 4 à 8 types positifs et OR de 1,71 (1,12 à 2,62) pour › 8 types identifiés. Le risque de carcinome épidermoïde était multiplié par 3 en cas de corticothérapie prolongée. Reste à élucider la pathogénie des virus HPV de la famille bêta dans les carcinomes spino-cellulaires, si l’on veut à l’avenir prévenir et traiter ce type de cancers cutanés.
BMJ 2010;341:c2986.
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