Le cancer de la prostate est hormonosensible. Plus de 98 % des patients répondent à l'hormonothérapie mais la tumeur s'adapte et devient hormonorésistante. Deux nouvelles molécules, l'enzalutamide et l'acétate d'abiratérone, permettent aujourd'hui chez un grand nombre de patients d'augmenter la survie, la qualité de vie, et de retarder la chimiothérapie.
Depuis 2002, les patients porteurs d'un cancer de la prostate métastatique recevaient une hormonothérapie en première ligne puis une chimiothérapie en deuxième ligne. Aujourd'hui, l'hormonothérapie de nouvelle génération (enzalutamide ou acétate d'abiratérone) représente une nouvelle ligne de traitement utilisable avant ou après la chimiothérapie. L'étude COU-11-301 (1) publiée en 2011 et l'étude AFFIRM (2) en 2012 ont montré un gain de survie significatif chez les hommes ayant un cancer métastatique résistant à la castration et après chimiothérapie. Ces résultats ont permis l'obtention de l'Autorisation de mise sur le marché (AMM) pour ces deux molécules dans cette indication.
Un changement dans les pratiques
Plus récemment, l'étude COU-AA-302 (3) a montré que l'abiratérone associée à la prednisone augmente la survie globale comparativement à la prednisone seule chez des patients porteurs d'un cancer de la prostate métastatique résistant à la castration et naïfs de chimiothérapie. De manière significative sur un suivi de 49 mois et de façon d'autant plus importante que les patients sont traités précocement. L'étude PREVAIL (4) a montré que l'enzalutamide réduit de façon significative le risque de progression radiographique ou de décès par rapport au placebo et a un impact significatif sur la survie globale chez les patients atteints de cancer de la prostate résistant à la castration chimio-naïfs (4). Aujourd'hui, l'abiratérone et l'enzalutamide sont donc indiqués également dans le traitement du cancer métastatique de la prostate résistant à la castration chez les hommes adultes asymptomatiques ou peu symptomatiques, après échec d'un traitement par suppression androgénique et pour lesquels la chimiothérapie n'est pas encore cliniquement indiquée.
Une autre étude (de phase II) importante a été publiée en janvier 2016. Il s'agit de l'étude TERRAIN (5), qui compare l'enzalutamide versus le bicalutamide (anti-androgène non stéroïdien) dans les cancers de prostate métastatiques chimionaïfs peu ou pas symptomatiques. La survie sans progression était le critère de jugement principal ; elle a été de 15,7 mois sous enzalutamide versus 5,8 mois sous bicalutamide.
La règle aujourd'hui est de n'utiliser des manipulations hormonales qu'avec des molécules qui augmentent la survie. Les recommandations françaises qui paraîtront cette année en tiendront compte.
D’après un entretien avec le Dr Sébastien Vincendeau, CHU de Rennes
(1) De Bono JS et al. N Engl J Med 2011;364(21):1995-2005
(2) Howard I et al. N Engl J Med 2012;367:1187-97
(3) Ryan CJ et al. The Lancet Oncology 2015;16(2):152-60
(4) Beer T.M et al. N Engl J Med 2014;371:424-33
(5) Shore ND et al. Lancet Oncol 2016 Feb;17(2):153-63. doi:10.1016/S1470-2045(15) 00518-5.Epub 2016 Jan 14
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?
Maintien des connaissances et des compétences
La certification périodique marque des points