C’EST UN CONSTAT plus qu’encourageant que rapportent des médecins de Leiden (Pays-Bas) au cours du traitement du cancer de la vulve. Gemma G. Kenter et coll. ont, en effet, testé un vaccin thérapeutique contre les oncoprotéines du papillomavirus de type 16 chez 20 patientes atteintes d’une néoplasie intraépithéliale de grade 3. Ils ont obtenu une réponse thérapeutique persistante chez un grand nombre d’entre elles. Une satisfaction dans la mesure où les régressions spontanées n’existent que dans moins de 1,5 % des cas et que le taux de récurrence de cette lésion, après chirurgie, demeure élevé.
À partir des oncoprotéines virale E6 et E7.
L’équipe a enrôlé 20 patientes, sélectionnées en raison de l’existence d’une néoplasie intra-épithéliale vulvaire, de grade 3, positive pour l’HPV16. Il s’agissait de tester, chez elles, l’immunogénicité et l’efficacité d’un vaccin à peptides longs, d’origine synthétique, réalisé à partir des oncoprotéines virale E6 et E7 et associé à l’adjuvant incomplet de Freund. Les auteurs se sont fixés deux objectifs : l’amélioration clinique et la réponse spécifique par cellules T à l’HPV16.
Si l’état clinique des patientes constitue, bien sûr, un but essentiel, le second objectif se montre fondamental au plan biologique. Les auteurs expliquent que le contrôle des infections chroniques virales repose sur les cellules T CD4 + productrices d’interféron gamma et sur les lymphocytes T cytotoxiques CD8 +. Or chez les patientes atteintes de la lésion vulvaire, les taux de ces cellules T, dirigées contre les oncoprotéines virales E6 et E7 de l’HPV16, sont très faibles, voire indétectables. D’où l’intérêt de s’assurer que la vaccination peut relancer le système immunitaire sidéré.
Les participantes ont donc reçu 3 ou 4 injections de la préparation vaccinale. Elles étaient administrées par voie sous-cutanée toutes les 3 semaines, dans un segment de membre différent. La période de vaccination s’est échelonnée d’octobre 2004 à mai 2007.
Trois mois après la dernière injection, 12 des 20 patientes (60 %) rapportaient une réponse clinique et un soulagement de la symptomatologie. Déjà, chez 5 d’entre elles, une régression complète des lésions était observée. Et même chez 4 patientes, l’HPV16 n’était plus détectable.
Maintenu pendant les deux ans de suivi.
À 12 mois, après le décès d’une patiente, 15 des 19 participantes, soit 79 %, bénéficiaient d’une réponse clinique, avec pour 4 femmes de plus, c’est-à-dire 9 en tout (47 %), une réponse complète. Ce dernier taux s’est maintenu pendant les deux ans de suivi. « Puisque le taux de régression spontanée… des néoplasies intraépithéliales vulvaires de grade 3 est faible (<1,5%), le taux élevé de réponses observé dans l’essai actuel est probablement lié à la vaccination » écrivent Gemma G. Kenter et coll.
Au plan biologique, une élévation des cellules T, induite par le vaccin, a été relevée chez toutes les patientes. Les analyses post-hoc suggèrent que celles ayant eu une réponse complète à 3 mois ont bénéficié d’une réponse cellulaire T CD4 + et CD8 + significativement plus forte que les autres participantes. Ce constat conforte d’ailleurs l’hypothèse de départ, selon laquelle la persistance de l’infection est rendue possible par l’absence de ces cellules T productrices d’interféron gamma. Et l’analyse post-hoc des patientes ayant eu une régression complète va dans le sens d’une activité thérapeutique des cellules T. Cette prolifération, enfin, a été également accompagnée de celle d’autres cytokines, essentiellement l’interleukine-5, et à un moindre degré de TNFalpha, d’IL-4 et d’IL-10.
New England Journal of Medicine, 361 ; 19, pp. 1838-1847.
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