Imagerie du cancer

Les travaux de la Fédération

Publié le 18/10/2012
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Crédit photo : PHANIE

PARMI LES évolutions technologiques récentes, le développement des systèmes d’archivage et de partage des images (PACS ou SAPI) a donné une place nouvelle aux radiologues dans le cadre de la prise en charge multidisciplinaire des cancers. Les outils développés par les firmes permettent aujourd’hui de proposer un suivi longitudinal des cancers, notamment dans leurs formes diffuses et évolutives. « En tant qu’interlocuteur de la SFR et de ses sociétés d’organe auprès des tutelles, notamment de l’InCA (Institut du cancer), la Fédération est impliquée dans la réflexion sur les équipements, en particulier en IRM, car c’est devenu une technique essentielle dans le diagnostic, le bilan d’extension et le suivi des patients atteints de cancers », rappelle le Pr Frank Boudghène.

Des actions sont également menées dans le domaine du dépistage. Il est désormais bien connu que dans le dépistage du cancer du sein, les radiologues sont très actifs, qu’il s’agisse de la formation initiale et continue ou du suivi des patientes, et que leur place est désormais centrale au sein de ce dispositif.

Dans le cancer du côlon, les radiologues ne sont pas en première ligne puisque le dépistage repose aujourd’hui sur un examen de selles. Mais ils sont de plus en plus impliqués par le biais du coloscanner et de la coloscopie virtuelle, qui pourraient se développer comme technique de deuxième intention en cas d’examen des selles positif. « La Fédération doit se projeter dans ce domaine en partant de l’expérience qu’ont acquis les radiologues dans la prise en charge des cancers du sein », note le Pr Boudghène.

Dans le bilan d’extension des tumeurs, l’imagerie fonctionnelle est en plein essor avec les développements actuels de l’imagerie de diffusion et de l’imagerie de perfusion. L’imagerie de diffusion, initialement développée dans les accidents vasculaires cérébraux, trouve de nombreuses applications en cancérologie dans le diagnostic initial et dans le suivi des cancers. L’IRM de diffusion corps entier pourrait à terme concurrencer le PET-scan dans le bilan d’extension de certains cancers, et même être proposée en première intention. L’imagerie de diffusion semble également très intéressante dans l’évaluation du traitement des cancers. L’imagerie de perfusion est pour sa part bien développée dans de nombreux cancers, où elle peut contribuer à apprécier l’agressivité des tumeurs, notamment cérébrales. Dans le cancer prostatique, elle se montre très utile pour guider la réalisation de biopsies ciblées, en établissant des cartographies des zones suspectes. Ces techniques, encore en évaluation, devraient faire partie intégrante de la pratique dans les prochaines années, avec le développement de l’imagerie multiparamétrique. « Nous nous heurtons malheureusement pour l’instant au problème du sous-équipement en IRM que connaît la France, avec seulement 10 IRM/million d’habitants, contre un taux double pour la moyenne Européenne. L’innovation, qui est un phénomène continu, a un coût comme tout investissement d’avenir, c’est le prix du changement et nous ne sommes pas toujours écoutés », regrette le Pr Boudghène.

Dans le domaine de l’imagerie interventionnelle, la réalisation de biopsies guidées fait aujourd’hui partie de la pratique des radiologues, puisque c’est en imagerie cancérologique le moyen de préciser le diagnostic de tumeur ce qui va permettre de discuter le traitement. « Nous sommes tous des radiologues diagnostiques et interventionnels puisque nous devons tous savoir pratiquer ces gestes simples », insiste le Pr Boudghène avant de préciser que parmi les progrès attendus, des systèmes d’aide au guidage en 3D faciliteront les prélèvements tout comme les ablations tumorales. À l’occasion des Journées françaises de radiologie diagnostique et interventionnelle, le guide des bonnes pratiques en radiologie interventionnelle sera disponible : il comprend des fiches précisant tous les aspects des différents gestes interventionnels dont font partie les biopsies.

L’annonce au patient.

La technicité des actes ne doit pas faire oublier un des points majeurs de la pratique : l’annonce du diagnostic au patient. « Le radiologue est le plus souvent dans une situation de préannonce, car quand le patient vient d’avoir son examen, que lui dire, comment lui dire ? Parfois des mots simples suffisent et il apparaît essentiel d’améliorer la formation des radiologues dans ce domaine. Une charte est en préparation avec la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR) et le Syndicat des radiologues hospitaliers (SRH) pour répondre à cette attente ». Face à l’accroissement du nombre de cancers, les radiologues ont un vrai besoin de formation et d’outils. Ce volet de la pratique, et plus largement la place du radiologue dans la prise en charge globale des patients, tout au long de leur maladie, fait partie de la réflexion de la Fédération d’imagerie du cancer. À cette fin elle va contribuer à mettre en place sous l’égide du Collège des enseignants de radiologie de France (CERF) un module d’enseignement d’imagerie oncologique pour les nouveaux internes à partir de 2013. Elle souhaite aussi promouvoir auprès des radiologues avec l’aide de la SFR des outils informatiques permettant de mieux maîtriser ce champ de pratique, comme par exemple l’évaluation de la réponse aux traitements. « Enfin, la Fédération souhaite approfondir les échanges avec l’INCA afin que l’imagerie oncologique, quasiment oubliée dans le plan précédent, soit bien prise en compte dans le prochain plan cancer », conclut le Pr Boudghène.

D’après un entretien avec le Pr Frank Boudghène, service de radiologie, hôpital Tenon, Paris,

 Dr ISABELLE HOPPENOT

Source : Bilan spécialistes