Une vaste étude menée par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) souligne l'impact des inégalités socio-économiques, et en particulier du niveau d'éducation, sur la mortalité par cancer en Europe. Les auteurs appellent à mieux surveiller ces inégalités et à lutter contre afin de réduire le fardeau du cancer.
« Nous avons constaté que les inégalités socio-économiques en termes de mortalité par cancer sont importantes et existent partout en Europe et pour la plupart des types de cancer », résume le Dr Salvatore Vaccarella du Circ, qui a dirigé l'étude.
Publié dans le « Lancet Regional Health - Europe », ce travail a été réalisé en collaboration avec divers partenaires, dont le Centre médical Erasmus des Pays-Bas, l'Imperial College London et le National Cancer Institute Center for Global Health des États-Unis.
L'étude a porté sur la période 1990-2015 et couvre 18 pays : la Norvège, la Suède, la Finlande, le Danemark, l'Angleterre, le Pays de Galles, la Belgique, la France, la Suisse, l'Autriche, l'Italie (département de Turin), l'Espagne, l'Estonie, la Lituanie, la Pologne, la République tchèque, la Hongrie et la Slovénie. Le niveau d'éducation, obtenu via le recensement mis en place au sein de ces pays, a été couplé à la mortalité par cancer, chez les adultes de 40 à 79 ans.
Il en résulte qu'environ 32 % des décès par cancer chez les hommes et 16 % chez les femmes sont associés à des inégalités en matière d'éducation. Cette proportion monte à 46 % chez les hommes et 24 % chez les femmes dans les pays baltes, d'Europe centrale et de l'Est.
« L'ampleur des inégalités varie considérablement d'un pays à l'autre, souligne le Dr Vaccarella. Cette variation est principalement due aux différences notables entre les pays en ce qui concerne les taux de mortalité par cancer chez les personnes ayant un statut socio-économique inférieur. » Les taux de mortalité par cancer d'un pays à l'autre sont en revanche plus homogènes et plus faibles parmi les personnes ayant un statut socio-économique plus élevé.
Une augmentation des inégalités chez les femmes
Les résultats témoignent ainsi du poids des facteurs socio-économiques dans les niveaux et les tendances de mortalité par cancer - aussi bien au sein des pays qu'entre les pays. La mortalité par cancer en Europe est ainsi largement déterminée par les taux de mortalité par cancer dans les groupes ayant le niveau d'éducation le plus bas.
Et si les taux de mortalité ont connu des améliorations ces dernières années dans plusieurs types de cancer, ces tendances favorables sont toujours moins prononcées parmi les personnes ayant un faible niveau d'éducation.
Autre constat : les inégalités socio-économiques en matière de mortalité par cancer augmentent rapidement chez les femmes, en particulier pour le cancer du poumon, y compris dans les pays nordiques, pourtant réputés pour leur politique de justice sociale.
« Les individus les plus favorisés semblent être relativement protégés contre la mortalité par cancer, indépendamment de l'endroit où ils vivent en Europe. Cependant, pour les individus les moins favorisés, le pays de résidence est d'une grande importance en ce qui concerne la mortalité par cancer », explique également le Dr Vaccarella.
Ces résultats doivent ainsi inciter les pays à agir prioritairement sur la réduction des taux de mortalité par cancer parmi les groupes les plus défavorisés, et ce afin de réduire le fardeau global du cancer.
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?
Maintien des connaissances et des compétences
La certification périodique marque des points