Peu de seconds cancers du sein hors mutation chez la femme jeune

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Publié le 03/05/2024
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Le risque de second cancer est plus élevé chez la femme ayant présenté un cancer du sein avant 40 ans. Ce constat, fondé sur des données anciennes, est remis en question par une analyse de la YWS, qui montre que le surrisque est essentiellement porté par les variants génétiques… ce qui pourrait plaider pour une attitude plus conservatrice dans les autres cas.

Crédit photo : GARO/PHANIE

De précédentes recherches suggéraient que le risque de second cancer primaire du sein serait deux à trois plus élevé chez les femmes ayant développé un cancer du sein avant l’âge de 40 ans, par rapport à celles en développant plus tard. Ce qui peut poser la question, chez les femmes jeunes, du choix entre mammectomie unilatérale ou bilatérale, même en absence d’autres facteurs de risque de cancer du sein. Mais une étude prospective vient de mettre en évidence un faible risque de développer un second cancer primaire à 10 ans, en l’absence de variant pathologique de prédisposition identifiable (1), soit 2 % versus 9 % en présence d’un variant pathogénique. « Ce travail rappelle que la recherche de variants de prédisposition est fondamentale pour stratifier le risque », soulignent les auteurs.

Une analyse de la Young women’s breast cancer study (YWS)

Les quelques études menées sur le risque controlatéral de cancer du sein chez des jeunes femmes, portent sur des survivantes ayant reçu des traitements dépassés, ou pour lesquelles les données tumorales complètes et les résultats des tests génétiques font défaut. C’est pourquoi ce travail s’est intéressé aux données des femmes incluses dans la cohorte YWS, plus complètes et contemporaines. Il s’agit d’une cohorte prospective rassemblant plus de 1 200 femmes ayant développé un cancer du sein (stade 0-IV) avant 40 ans entre 2006 et 2015.

Pour l’analyse, les cancers de stade IV (64 patientes) ont été exclus, ainsi que les femmes ayant subi une mammectomie bilatérale (547 patientes). Restent 685 femmes de 36 ans ayant eu une tumorectomie ou une mammectomie. La plupart avaient développé un cancer de stade I-II (79 %) et la plupart du temps HER2- (69 %). Sur les 577 ayant eu un test génétique, 6 % (33 femmes) étaient porteuses d’un variant pathogénique, le plus souvent BRCA1 ou 2 (24 femmes).

Sur cet échantillon, les auteurs ont analysé l’association entre le risque de second cancer primaire à 5 et 10 ans et les facteurs démographiques, les caractéristiques du premier cancer, les traitements utilisés et le risque génétique.

Faible taux de cancer primaire secondaire hors variant pathogénique

Durant le suivi médian de 10 [7-12] ans, 17 des 685 femmes ont développé un second cancer du sein primaire — soit 2,5 % de ces jeunes femmes — cela dans un délai médian de 4 ans. La plupart de ces cancers étaient controlatéraux (15 sur 17).

Dans cette cohorte, le risque de second cancer primaire lors de variant pathogénique est de 5,5 % à 5 ans et de 9 [2,6 -30,3] % à 10 ans. Alors, qu’en absence de variant pathogénique, le risque à 5 ans est de 1,3 % et de 2,2 [1,2-4] % à 10 ans.

À noter que le fait d’avoir continué à enfanter majore légèrement le risque.

Enfin, en analyse multivariée, le fait d’être porteuse d’un variant pathogénique multiplie, après ajustements, le risque par 5 (RR = 5,3). Or, aux États-Unis, encore beaucoup de jeunes femmes n’ont pas accès aux tests génétiques.

(1) KD Brantley et al. Second Primary Breast Cancer in Young Breast Cancer Survivors. JAMA Oncol. 2024 Apr 11:e240286

Pascale Solère

Source : lequotidiendumedecin.fr