Pour éviter la mastectomie

Réduction tumorale par inhibiteurs d’aromatase

Publié le 11/05/2011
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Crédit photo : Matthew J. Ellis

CHEZ des femmes porteuses d’un cancer du sein et candidates à la mastectomie un traitement par inhibiteurs d’aromatase a permis de réduire la sanction chirurgicale à une tumorectomie. L’essai thérapeutique, mené à Washington par l’équipe de Matthew J. Ellis, concernait des femmes atteintes d’une tumeur de stade 2 ou 3.

La tentative de réduction tumorale préopératoire n’est pas nouvelle, mais l’intérêt de ce nouveau travail est de se fonder sur les 3 inhibiteurs d’aromatase agréés aux États-Unis, létrozole, anastrozole et exemestane. Plusieurs essais ont été réalisés. Le premier a porté sur des 159 femmes qui devaient subir une mastectomie. Le traitement était de 16 semaines. Un peu plus de la moitié d’entre elles, 81 patientes, ont connu une réduction tumorale suffisante pour bénéficier de la tumorectomie. Les auteurs rappellent quand même que l’autre moitié des participantes a eu une mastectomie.

Une autre analyse a été réalisée auprès de 189 femmes considérées comme « limites » pour tenter une conservation mammaire. La régression de la tumeur a été suffisante chez 83 % d’entre elles pour renoncer à la mastectomie. Enfin, chez quatre patientes jugées inopérables (la mastectomie aurait laissé du tissu cancéreux), trois d’entre elles ont bénéficié d’une tumorectomie et la dernière a tiré profit de l’ablation du sein.

Le marqueur de prolifération cellulaire, Ki67.

Quant à l’efficacité des trois molécules, les auteurs rapportent que sur 352 femmes traitées, les conséquences chirurgicales n’ont pas été différentes quelle que soit la molécule. Pas plus que les taux du marqueur de prolifération cellulaire, Ki67. Il n’existe pas de différence entre les trois molécules quant à leur aptitude à bloquer la croissance tumorale. Et si l’un a pu sembler légèrement moins efficace sur la réduction tumorale, cela ne justifie en aucune façon de longs et coûteux essais cliniques pour le vérifier.

Les auteurs constatent, malgré ces résultats encourageants, que de nombreuses patientes ne répondent pas aux inhibiteurs d’aromatase. Elles demeurent une interrogation quant au meilleur traitement. Pour mieux comprendre cette résistance, l’équipe de M. Ellis a séquencé le génome de 50 des tumeurs concernées par l’étude, 26 d’entre elles avaient répondu au traitement contre 24. Ils n’en tirent pour l’instant aucune conclusion, mais ils espèrent y trouver les clés moléculaires des variations dans la réponse thérapeutique.

Journal of Clinical Oncology, 9 mai 2011.

 Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8960