COMME LE RAPPELLE un communiqué de l’INSERM, on sait que les lymphocytes T CD4 jouent un rôle important dans l’induction et la régulation des réponses immunitaires anti-tumorales. ON sait aussi qu’il existe plusieurs sous-populations de lymphocytes T CD4, dont les fonctions peuvent être très différentes les unes des autres, voire opposées. Par exemple, les lymphocytes du sous-type auxiliaire (lymphocytes TH) stimulent d’autres cellules comme les CD8 et les lymphocytes B producteurs d’anticorps ; il intervient dans la mémoire immunologique. À l’opposé, le sous-type régulateur (lymphocytes Treg) freine l’activité du système immunitaire et peut nuire à l’immunité anticancéreuse induite par un vaccin. De sorte que les chercheurs ont comme objectifs des stratégies vaccinales qui améliorent le sous-type TH au détriment du sous-type Treg. Mais pour cela, ils doivent pouvoir mesurer de façon précise les lymphocytes T CD4 induits par la vaccination et faire la distinction entre les différents sous-types. Ce qui veut dire disposer d’outils d’immunosurveillance adaptés. C’est précisément cet outil qu’ont développé des chercheurs nantais (équipe du Maha Ayyoub et du Pr Danila Valmori « Immunorégulation des réponses anti-tumorales et développement des vaccins anti-cancer », unité INSERM 892), en collaboration avec des chercheurs du Ludwig Institute for Cancer Research Ltd, Lausanne. Les chercheurs décrivent dans les « Proceedings » de l’Académie des Sciences américaine* l’outil qu’ils ont développé et son utilisation pour évaluer la réponse des lymphocytes T CD4 spécifiques chez des patientrs ayant reçu un vaccin anticancéreux thérapeutique.
Tétramères.
En général, l’analyse des lymphocytes T spécifiques repose sur la mesure des cytokines produites après activation par l’antigène ; il s’agit d’une analyse indirecte, dont les résultats peuvent varier, car ils dépendent de l’activité de chaque sous-type de lymphocytes. Une autre approche plus directe consiste à fabriquer des tétramères formés de molécules du MHC et de l’antigène, tétramères qui permettent la visualisation directe des lymphocytes T spécifiques de l’antigène, quel que soit leur sous-type et sans qu’il soit nécessaire de les activer. Mais alors que ces tétramères se sont montrés performants pour détecter les CD8, on s’est heurté à des difficultés pour fabriquer des complexes stables formés de molécules de MHC II (le type de MHC reconnu par les CD4) et d’antigènes tumoraux. C’est là que se situe la découverte Nantaise : l’équipe INSERM a modifié l’antigène tumoral utilisé dans la fabrication des tétramères en ajoutant une queue de polyhistidine (His-tag) qui permet la purification des complexes stables. Et, de fait, l’équipe a démontré que les nouveaux tétramères se lient de façon stable aux lymphocytes T CD4 spécifiques de l’antigène vaccinal. « Grâce aux nouveaux tétramères, indique le Pr Valmori, directeur du Programme de vaccination anti-cancer du centre René-Gauducheau, nous sommes maintenant en mesure de visualiser et de quantifier directement les lymphocytes T CD4 induits par le vaccin en un peu plus d’une heure. »
*Proc Natl Acad Sci USA, édition du 5 avril 2010.
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