Cancers pulmonaires multifocaux

Une origine clonale dans la majorité des cas

Publié le 06/04/2009
Article réservé aux abonnés

UN TRAVAIL international (États-Unis, Espagne, Italie, Chine) apporte une réponse à une question jusqu’à présent non résolue : la majorité des cancers pulmonaires multifocaux ont une origine clonale commune.

Le tabagisme est le principal facteur de risque de cancer du poumon, auquel il est associé dans environ 87 % des cas. Histologiquement, on distingue deux grandes catégories de cancers du poumon : cancer à petites cellules et cancer non à petites cellules (dont : carcinome à cellules squameuses, adénocarcinome, carcinome à grandes cellules, carcinome adénosquameux, carcinome sarcomatoïde et tumeurs carcinoïdes).

En pratique clinique, il n’est pas rare de rencontrer des patients porteurs de multiples cancers pulmonaires anatomiquement séparés mais histologiquement similaires. C’est ce que l’on appelle la multifocalité, que l’on retrouve chez 0,2 à 2 % des patients porteurs d’un cancer pulmonaires primitif.

Ces cancers multifocaux peuvent être soit synchrones (détectés ou réséqués simultanément) soit métachrones (avec un intervalle de temps entre la détection de la première lésion et la lésion suivante ; 50 à 70 % des cas). Deux théories ont été proposées pour expliquer cette multifocalité. La première est l’origine monoclonale, à partir d’une seule cellule maligne qui métastase dans d’autres régions du parenchyme pulmonaire. La seconde est que ces tumeurs surviennent à partir de progéniteurs tumoraux anatomiquement distincts.

Dans ce contexte, Xuaoyan Wang et coll. ont analysé 70 tumeurs provenant de 30 patients (dont 23 femmes afin de pouvoir conduite des études d’inactivation du chromosome X) qui ont été opérés de tumeurs pulmonaires (26 carcinomes non à petites cellules et 4 tumeurs carcinoïdes atypiques). Tous avaient des tumeurs multiples (2 à 5) dans un ou deux poumons. L’ADN extrait de lésions a été analysé à la recherche de perte d’hétérozygotie, de mutations de TP53 et signes d’inactivation de l’X.

Sans entrer dans les détails, une perte d’hétérozygotie parfaitement concordante entre les tumeurs synchrones et métachrones a été observée chez 26 (87 %) des 30 patients. Des mutations ponctuelles identiques ont été constatées chez 8 des 10 patients présentant des mutations de TP53. De mêmes signes d’inactivation de l’X ont été vus chez 18 des 23 femmes.

« Nos résultats indiquent que la grande majorité des cancers pulmonaires multifocaux ont une origine clonale commune et que la multifocalité correspond à des métastases intrapulmonaires locales ou régionales », concluent les auteurs.

Si ce travail a des implications majeures pour la compréhension de la carcinogenèse liée au tabac, estime un éditorialiste, cela ne modifie pas la prise en charge des patients.

J Natl Cancer Inst, 2009 ; 101 : 560-570 et 541-543

Dr EMMANUEL DE VIEL

Source : lequotidiendumedecin.fr