Les analogues du GLP-1, antidiabétiques qui ont montré leur capacité à favoriser la perte pondérale ainsi que des effets protecteurs cardiovasculaires, sont de plus en plus largement utilisés. Si bien qu’à l’été dernier, selon l’Agence européenne des médicaments (EMA), l’exposition à deux médicaments de cette classe – le liraglutide et le sémaglutide – concernait 20 millions de patients par année.
150 cas suspects en Europe
En juillet 2023, l’agence des médicaments islandaise avait fait état à l’EMA de potentiels effets de ces deux molécules sur la santé psychiatrique. Suite à cette alerte, le régulateur européen avait retrouvé environ 150 cas potentiels d’automutilation ou d’idées suicidaires déclarées chez des patients sous liraglutide ou sémaglutide. D’où l’évaluation d’un potentiel lien de causalité entre idéations suicidaires et automutilations, et consommation de liraglutide, de sémaglutide, ou de tout autre analogue du GLP-1. Ce signal de sécurité a aussi été examiné outre-Atlantique, par la Food and Drug Administration (FDA). Depuis, les analogues du GLP-1 sont peu à peu disculpés.
Étude de Nature Medicine et évaluation de la FDA rassurantes
Début janvier, une étude de cohorte de Nature Medicine (1) a été publiée, portant sur les données de plus d’1,7 millions de patients du réseau de recherche international TriNetX avec un surpoids, une obésité ou un diabète de type 2, traités soit par sémaglutide, soit par d’autres médicaments non analogues du GLP-1. Elle conclut que le sémaglutide ne semble pas associé à davantage d’idées suicidaires que les autres médicaments anti-obésité ou antidiabétiques. Les personnes sous sémaglutide pourraient même présenter un risque d’idées suicidaires plus bas que les autres.
Quelques jours après la parution de ce travail, la FDA a indiqué « ne pas avoir trouvé de preuve selon laquelle l’utilisation [des analogues du GLP-1] cause des idées ou actes suicidaires » (2). Et ce, à l’issue d’une analyse préliminaire de quelques cas signalés et des données d’essais clinique (dont une méta-analyse et une étude de données post-commercialisation). Du fait du très faible nombre de cas déclarés en vraie vie et dans le cadre des essais cliniques, le régulateur indiquait toutefois ne pas pouvoir « exclure […] un faible risque ».
Conclusions similaires de l’EMA
Début avril, l’EMA a rendu son verdict allant dans le même sens : « les preuves disponibles ne soutiennent pas d’association causale entre les analogues du GLP-1 – dulaglutide, exenatide, liraglutide, lixisenatide et sémaglutide – et des idées et actes suicidaires et d’automutilation », et aucune modification des informations sur le produit n’est nécessaire (3). Ce résultat semble reposer sur diverses données : informations concernant les cas signalés, essais cliniques et non cliniques, données de surveillance post-commercialisation. L’EMA s’est aussi repenchée sur l’étude de Nature Communication, et a mené une investigation sur la base de dossiers de santé électroniques britanniques – visant à « examiner le risque d’évènements liés à des suicides et des automutilations chez des personnes avec un diabète de type 2 » -, sans trouver, là encore, de relation de cause à effet entre utilisation d’analogues du GLP-1 et risque suicidaire (4). Comme la FDA, l’EMA indique néanmoins qu’elle continuera de « surveiller de près ces évènements ».
(1) William Wang et al. Association of semaglutide with risk of suicidal ideation in a real-world cohort. Nat Med. 2024 Jan;30(1):168-176
(2) https://www.fda.gov/drugs/drug-safety-and-availability/update-fdas-ongo…
(3) https://www.ema.europa.eu/en/news/meeting-highlights-pharmacovigilance-…
(4) https://catalogues.ema.europa.eu/node/3953/administrative-details
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?
Maintien des connaissances et des compétences
La certification périodique marque des points