Santé cardio-vasculaire : l'écart s'est creusé entre Allemagne de l'Est et de l'Ouest

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Publié le 01/07/2020
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Crédit photo : Phanie

Trente ans après la réunification de l'Allemagne, l'écart s'est creusé entre les cinq Länder est-allemands et les dix ouest-allemands en termes de nombre d'hospitalisations pour insuffisance cardiaque, un indicateur clé de la santé cardio-vasculaire d'une population et de la qualité de sa prise en charge.

Les chercheurs de l'université de médecine de Greifswald ont été surpris de faire cette constatation au cours de leurs travaux, alors qu'ils s'attendaient à ce que l'harmonisation des systèmes de santé provoque un alignement des données épidémiologiques entre les deux territoires autrefois séparés par le rideau de fer. Ils ont présenté ces données sur la plateforme scientifique de la Société européenne de cardiologie (ESC).

Une précédente étude faisait état d'une augmentation de 65 % du nombre d'hospitalisations pour insuffisance cardiaque, rapporté à la population, dans l'ensemble de l'Allemagne entre 2000 et 2013. Selon les données nationales collectées par les auteurs de cette nouvelle étude, la tendance à la hausse s'est poursuivie entre 2000 et 2017 sur l'ensemble de l'Allemagne (+93,9 %), mais de façon plus marquée en Allemagne de l'Est (+118,5 %) qu'en Allemagne de l'Ouest (+88,3 %). Au cours de la même période, les hospitalisations pour d'autres motifs ont également augmenté, mais dans des proportions plus modestes. Les durées d'hospitalisation pour insuffisance cardiaque ont, pour leur part, diminué de moitié en Allemagne de l'Est et d'un tiers en Allemagne de l'Ouest.

Des décès plus fréquents à l'Est

Les taux de décès liés à l'insuffisance cardiaque sont aussi significativement plus élevés en Allemagne de l'Est (64/100 000 habitants en 2000 et 65/100 000 en 2017) qu'en Allemagne de l'Ouest (respectivement 39 et 43/100 000).

« Avant la réunification, l'est et l'ouest de l'Allemagne n'avaient pas le même système économique et social, ainsi que des systèmes de santé distincts, explique le Pr Marcus Dörr de l'université de médecine de Greifswald. Le système de santé était presque exclusivement public, avec moins de 1 % des praticiens exerçant dans le privé, et il y avait des tensions permanentes sur un certain nombre d'équipements comme les échographes : un appareil pour 32 000 habitants en RDA contre un pour 2 500 en RFA », illustre-t-il.

Ces différences structurelles ont été aplanies au cours des 30 dernières années, affirment les auteurs, qui s'interrogent sur les raisons de la persistance de la différence entre les deux moitiés du pays. « Une explication possible pourrait résider dans les différences de prévalences des facteurs de risque, suggèrent-ils. Plusieurs travaux épidémiologiques montrent que l'hypertension, le diabète, et l'obésité sont plus fréquents en Allemagne de l'Est qu'en Allemagne de l'Ouest. »


Source : lequotidiendumedecin.fr