Un intérêt grandissant

Les espoirs plasmas riches en plaquettes en orthopédie

Publié le 23/02/2011
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De notre envoyé spécial

LE PLASMA RICHE en plaquettes (PRP) est déjà utilisé en chirurgie dentaire ou cosmétique depuis une trentaine d’années. Il est censé apporter au sein des tissus traumatisés des concentrations accrues de facteurs de croissance ainsi que de molécules bioactives avec l’objectif de faciliter la réparation et la régénération tissulaire. L’expérience extensive acquise dans les milieux dentaires et cosmétiques en avait fait un produit à la fois dénué de danger et efficace sans ces disciplines.

Une gamme de produits variables.

Défini il y a une dizaine d’années comme un volume unitaire de plasma décomptant en numération plaquettaire un niveau de plaquettes supérieur à la ligne de base (établie sur le sang complet), le plasma riche en plaquettes (PRP) s’avère regrouper une gamme de produits variables. Cette variabilité tient à la quantité de sang utilisé à leur préparation, au niveau de vitalité résiduel des plaquettes ou de réactivité de ces dernières à la thrombine, au degré de résidus érythrocytaires ou leucocytaires persistant. La fabrication des plasmas riches en plaquettes (PRP) relevant de protocoles de centrifugation diversifiés, en fait des produits inclassables dans une pharmacopée exigeant des contenus, des concentrations et des puissances parfaitement définies. Si les plaquettes et les plus de mille protéines qu’elles hébergent recèlent bien les éléments actifs susceptibles d’intervenir dans l’angiogénèse et la cicatrisation des plaies il n’est pas toujours facile de savoir si les leucocytes, la thrombine, la fibrine sont également à conserver dans ces produits.

L’étendue de la gamme des produits commercialisés empêche de donner une réponse univoque sur le sujet. Il est possible qu’un composé soit efficace dans une indication particulière donnée. Il faudrait pouvoir conduire des essais thérapeutiques randomisés contrôlés sur un produit parfaitement homogène et défini dans sa composition. Ce n’est qu’alors que ces produits pourront légitimement figurer dans l’arsenal thérapeutique quotidien du chirurgien orthopédique.

Les cytokines nombreuses retrouvées au sein des plasmas riches en plaquettes (PRP) ont pour la plupart été impliquées dans la biologie de réparation du tissu conjonctif. Des effets de ces produits sont clairement identifiés sur des modèles expérimentaux soit de réparation tendineuse soit de ralentissement d’une tendinopathie dégénérative en évolution. Les essais cliniques tentant de reproduire ces expérimentations donnent pour l’instant des résultats équivoques.

Réparation cartilagineuse, consolidation osseuse…

Il en va de même pour les lésions ligamentaires envers lesquelles ces produits sont candidats à jouer un rôle d’appoint thérapeutique soit du traitement non opératoire soit du traitement de reconstruction chirurgicale. C’est également le cas en matière de réparation cartilagineuse, de phénomènes de cicatrisation musculaire après rupture, de suture des désinsertions de ménisques ou encore de consolidation osseuse après fracture.

Il est certain que dans une chirurgie pour laquelle le résultat d’une réparation reste en partie conditionné par le délai de remise en fonction du membre, la mise à la disposition des chirurgiens d’un produit accélérateur ne peut être accueillie qu’avec enthousiasme.

Pour l’instant, cependant, les preuves obtenues sur leur efficacité clinique, soit divergentes soit insuffisantes n’autorisent à émettre des recommandations ni en faveur ni à l’encontre de l’usage de ces produits en chirurgie orthopédique.

Les plasmas riches en plaquettes sont probablement des agents prometteurs en chirurgie orthopédiques mais nécessitent encore des efforts de recherche fondamentale pour en faire des produits d’usage quotidien validé.

San Diego, Congrès 2011 de l’American Academy of Orthopaedic Surgeons.

 Pr CHARLES MSIKA

Source : Le Quotidien du Médecin: 1001