Les traitements de première intention administrés dans le traitement des premiers stades de l’emphysème et de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) qui lui est associée (bronchodilatateurs inhalés, corticoïdes inhalés, oxygénothérapie, réhabilitation respiratoire) n’ont malheureusement que peu ou pas d’effet sur les patients atteints d’emphysème sévère.
Seuls recours jusqu’à présent, la réduction chirurgicale du volume pulmonaire présente des taux de morbidité et de mortalité élevés (5 % de mortalité post-opératoire à 3 mois) et la transplantation de poumons ne s’adresse qu’à un nombre extrêmement limité de patients, au stade terminal, jeunes et sans comorbidités.
L’étude Revolens qui a évalué l’efficacité de la pose de spirales à mémoire de forme dans les lobes pulmonaires, coordonnée par le Pr Gaëtan Deslée, chef du service des maladies respiratoires du CHU de Reims, apporte des résultats extrêmement encourageants pour ces patients en impasse thérapeutique. Aujourd’hui en France, leur nombre serait de l’ordre d’un à deux milliers, selon le Pr Charles Hugo Marquette, chef du service de pneumologie du CHU de Nice, l’un des centres intégrés dans l’étude. Des patients dont la gravité des symptômes les rend aisément identifiables, mais qui ont fait initialement partie, pour bon nombre d’entre eux, des 50 % de personnes parmi 2 à 4 millions de Français qui ont longtemps ignoré être atteints de cette maladie, « malheureusement pas très connue, y compris des médecins », comme le déplore le Pr Marquette.
Une intervention rapide, efficace et peu risquée
L’objectif principal de l’étude Revolens était de comparer l’amélioration des capacités à l’effort obtenue par la réduction volumique endobronchique par spirales associée au traitement médical, à celle obtenue à l’aide du traitement médical seul dans l’emphysème sévère. Incluant 100 patients répartis dans 10 CHU, elle a fait l’objet d’un financement institutionnel de 1,3 million d’euros au titre du programme de Soutien aux techniques innovantes, coûteuses ou non (STIC). Après un an de suivi, les résultats sont très clairs : une amélioration significative à 6 mois du test de marche de 6 minutes (36 % des patients l’ont amélioré de 54 m), une amélioration de 11 % du volume expiratoire maximal par seconde (VEMS) par rapport au groupe contrôle et une différence de 10 points supérieurs à 12 mois au score d’évaluation de la qualité de vie.
En pratique, la technique consiste à poser plusieurs spirales à mémoires de formes dans un lobe emphysémateux en passant par les voies respiratoires à l’aide d’un fibroscope souple classique. Une fois que la spirale en nitinol (alliage de nickel et de titane) de 10 à 12,5 cm a été implantée en position longitudinale sous contrôle radiographique, elle reprend sa forme initiale et réalise une double spirale induisant un effet de torsion et de compression au niveau du tissu emphysémateux. Une moyenne de 10 spirales par lobe est mise en place pour un effet significatif et une latence de 1 à 3 mois est observée entre les 2 interventions qui composent ce traitement bilatéral.
L’intervention dure entre 20 et 35 minutes et 95 % des patients traités jusqu’à présent sont sortis le lendemain de l’opération. Pour le moment, le surcoût à 1 an a été évalué à 36 000 euros par rapport à une prise en charge médicale classique, dont 70 % sont liés au dispositif lui-même. De l’aveu des représentants français de la société à l’origine de ces spirales, PneumRx, les discussions entamées avec les autorités réglementaires devraient aboutir à la délivrance d’une autorisation et d’un taux de remboursement vers octobre prochain.
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