Identification des mécanorécepteurs de la peau

A bout de nerfs

Publié le 13/01/2010
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L’ÉQUIPE INSERM « Neurobiologie moléculaire et cellulaire du système somatosensoriel » dirigée par Patrick Caroll à l’institut des Neurosciences à Montpellier vient de caractériser des neurones responsables de la perception du toucher au cours du développement embryonnaire chez la souris. Outre le fait d’améliorer la compréhension des mécanismes de formation de ces mécanorécepteurs, cette découverte devrait éclairer la physiopathologie de maladies du système somatosensoriel, comme les douleurs neuropathiques, les ataxies sensitivomotrices et les défauts de régénération du nerf périphérique. Les propriétés des mécanorécepteurs étaient encore énigmatiques, jusqu’à ce que l’équipe de Patrick Caroll identifie récemment plusieurs gènes impliqués dans la différenciation neuronale et permette ainsi de mieux les étudier.

Voie de signalisation Ret.

En analysant un petit groupe de neurones, les chercheurs montpelliérains ont montré qu’ils innervent spécifiquement des structures spécialisées de la peau impliquées dans la perception du toucher, telles que les cellules de Merkel ou les follicules pileux. De plus, ces mêmes neurones se connectent à des régions de la moelle épinière déjà connues pour intégrer les informations liées au toucher. Par ailleurs, ils expriment très tôt le gène MafA ainsi que le récepteur tyrosine kinase Ret et son corécepteur Gfra2.

Afin de décrire le développement de ces neurones, les scientifiques ont utilisé des souris mutées, chez lesquelles ces différents gènes ont été « éteints ». Il est apparu au cours des manipulations que la voie de signalisation Ret était impliquée. Le facteur de transcription MafA semble jouer un rôle plus tardif dans la différenciation terminale d’au moins une partie d’entre eux. Les chercheurs montpelliérains ouvrent ainsi plusieurs pistes de recherche. Il devient possible d’étudier les mécanismes moléculaires de la transduction des stimulations mécaniques et d’identifier les circuits responsables de l’intégration de la mécanoréception au niveau du système nerveux central.

Neuron, volume 64, issue 6, 857-870, 24 décembre 2009.

 Dr IRÈNE DROGOU

Source : Le Quotidien du Médecin: 8685