Dermatologie

Eczéma chronique des mains : la crème delgocitinib efficace

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Publié le 24/11/2023
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Le delgocitinib, inhibiteur topique de la pan-Janus kinase est efficace et bien toléré dans l'eczéma chronique des mains, selon les résultats de l’étude Delta 2 présentée au congrès de l’European Academy of Dermatology and Venereology (EADV).

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Le delgocitinib développé en topique par le laboratoire Leo Pharma est un inhibiteur de la pan-Janus kinase (JAK). « La crème inhibe l’activation de la signalisation JAK-STAT qui joue un rôle important dans la pathogenèse de l’eczéma chronique des mains (ECM), a expliqué le Pr Jonathan Silverberg (Washington, États-Unis) lors du congrès de l’European Academy of Dermatology and Venereology (EADV). La physiopathologie est définie par un dysfonctionnement de la barrière cutanée, une inflammation de la peau et des altérations du microbiome cutané ».

La crème delgocitinib est en cours d’évaluation réglementaire par l’Agence européenne du médicament (EMA) pour le traitement des patients adultes atteints d’ECM modéré à sévère. Les options thérapeutiques sont limitées pour les patients atteints d'une forme modérée à sévère d’ECM ne répondant pas aux traitements topiques.

L’ECM est une dermatose inflammatoire d’origine multifactorielle, caractérisé notamment par un prurit et des douleurs. Il associe à des degrés divers érythème, desquamation, vésicules, hyperkératose, fissures, croûtes…

Il en résulte une importante altération de la qualité de vie du patient. Un adulte sur dix serait concerné. L’ECM peut être liée à des facteurs exogènes (irritatifs, allergiques…) ou endogènes (atopie).

Application deux fois par jour

L'étude Delta 2, présentée au congrès par le laboratoire, est un essai clinique randomisé, en double aveugle, de phase 3 visant à confirmer l'efficacité et à évaluer l'innocuité de la crème delgocitinib 20 mg/g (n = 314) deux fois par jour par rapport à la crème excipient (n = 159) pendant une période de traitement de 16 semaines chez des sujets adultes atteints d'ECM modéré à sévère (1). Le critère d’évaluation principal était la proportion de patients ayant obtenu un score d’évaluation globale de l’investigateur pour l’ECM (IGA-CHE, allant de 0 à 4) de 0 (clair) ou de 1 (presque clair : érythème à peine perceptible uniquement) avec une amélioration supérieure ou égale à 2 points par rapport à l’inclusion à la semaine 16.

Les résultats ont montré une proportion significativement plus élevée de patients traités par delgocitinib par rapport à la crème placebo ayant obtenu une amélioration de l’IGA-CHE (29,1 % versus 6,9 % ; p < 0,001).

L’essai a également atteint ses principaux critères d’évaluation secondaires à la semaine 16, y compris une proportion significativement plus élevée de patients traités par delgocitinib obtenant une amélioration de 75 % de l’indice de gravité de l’ECM (HECSI -75) par rapport à la crème véhicule (49,5 % contre 18,2 % ; p < 0,001). Tous les critères d’évaluation étaient cohérents avec ceux rapportés précédemment dans l’étude Delta 1 de conception identique.

Une analyse supplémentaire de Delta 2 a conclu que l’application biquotidienne de crème delgocitinib chez les adultes atteints d’ECM modérée à sévère entraînait une exposition systémique minimale pendant 16 semaines ce qui renforçait son profil d’innocuité (2). Une étude de phase 3 Delta Teen est également en cours chez des adolescents âgés de 12 à 17 ans atteints d’ECM modéré à sévère.

(1) Schliemann S. et al. EADV Berlin 2023, PO 395
(2) Thaçi D. et al. EADV Berlin 2023, PO 396

Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin