Bilan d’une présidence

L’événement était forcément très attendu : la Société francophone du diabète (SFD) a enfin pu organiser de nouveau son congrès annuel en présentiel en 2022. « C’était un moment important pour notre société savante, car le précédent congrès en présentiel remontait à 2019. À Nice, cela a été un grand succès puisque nous avons réuni 4 357 participants, dont 3 538 en présentiel », se félicite le Pr Jean-François Gauthier, le président de la SFD. Un autre motif de satisfaction est le fait que la société savante a pu maintenir le même niveau de bourses, avec un total de 700 000 €, dont la moitié a été fournie par l’industrie pharmaceutique dans le cadre de partenariats. « Il s’agit de bourses entre 20 000 € et 40 000 €, qui permettent de financer des thèses ou des travaux en laboratoire », indique le Pr Gautier en saluant le travail d’évaluation réalisé par le conseil scientifique.

De nombreuses prises de position

Une autre mission de la SFD est la diffusion du savoir. En décembre 2021, elle a publié sa prise de position sur la prise en charge médicamenteuse du diabète de type 2. Le précédent texte de la société savante à ce sujet remontait à 2019. « C’était important de refaire le point car il s’est passé beaucoup de choses ces dernières années dans le domaine thérapeutique. Toutes les sociétés savantes étrangères ont, elles aussi, publié de nouvelles recommandations. On peut constater que la SFD s’est un peu démarquée en estimant, par exemple, que la metformine devait continuer à être prescrite en première ligne, indique le Pr Gautier. Nous avons aussi publié, en collaboration avec les autres sociétés savantes concernées, une prise de position sur ‘Diabète et tabac’ et sur ‘Diabète et mucoviscidose’ [lire p. 12], ainsi que sur le dépistage de la maladie coronarienne [lire p. 8] ».

Pour le Pr Gautier, il est important que la SFD continue à jouer un rôle moteur pour fédérer des projets d’envergure nationale. « L’année 2022 a été marquée par une montée en force de la cohorte SFDT1, avec plus de 35 centres ouverts et plus de 1 800 inclusions. C’est un projet majeur, qui a été lancé pendant la présidence de Pierre Fontaine il y a six ou sept ans. Le but est de suivre 15 000 personnes sur neuf ans pour étudier les déterminants des événements cardiovasculaires dans le diabète de type 1 », indique le président de la SFD, également très attentif au dossier du pancréas artificiel (lire aussi p. 30, 32). « On sait que trois systèmes de boucles fermées sont aujourd’hui opérationnels. Le remboursement est acté, mais il faut que soient définies ses modalités précises et la place des prestataires. Aujourd’hui, on estime qu’un millier de boucles fermées ont été mises en place en France, soit dans le cadre de protocoles, soit dans le cadre d’un remboursement transitoire. Pour suivre de près l’évolution de ce dossier et pouvoir dialoguer avec les tutelles, nous avons mis en place un observatoire, avec 26 centres ouverts et plus de 300 patients inclus », indique le Pr Gautier, en saluant le travail réalisé par le Pr Éric Renard, qui devrait lui succéder comme président de la SFD en décembre prochain.

En 2022, la société savante a mis en place deux nouveaux groupes de travail. Le Groupe îlot/insulinosécrétion et le Groupe insulinorésistance, qui a été à l’origine de la journée thématique de décembre 2022, en partenariat avec la Société française de nutrition.

Évolutions de métiers

La SFD reste impliquée dans les défis de santé publique aux côtés de la Fédération française des diabétiques (FFD), du Conseil national professionnel endocrinologie diabétologie nutrition (CNPEDN), et des collègues pédiatres (SFEDP et AJD). « La télésurveillance est un sujet qui nous occupe. Nous pouvons compter sur le travail acharné du Pr Charles Thivolet auprès des tutelles pour que cette activité soit valorisée à sa juste valeur. Nous devrions y voir plus clair en juillet 2023 quant aux modalités de remplacement du programme Étapes », souligne le Pr Gautier. L’excellente collaboration avec la Fédération française des diabétiques (lire p. 33), permet aussi d’avancer pour travailler sur l’organisation des soins et des actions de santé publique.

La SFD entend rester très attentive à l’évolution des métiers, en lien avec les nouvelles technologies. « Un symposium entier est consacré aux infirmières de pratique avancée lors du congrès à Montpellier. Cela me permet de souligner le dynamisme de la SFD paramédicale, qui représente une force majeure de notre collectivité », indique le Pr Gautier.

Exergue : « L’année 2022 a été marquée par une montée en force de la cohorte SFDT1, avec plus de 35 centres ouverts et de 1 800 inclusions »

Entretien avec le Pr Jean-François Gautier (Paris), président de la SFD