Chirurgie bariatrique et périnatalité : un effet favorable pour la grossesse mais un surrisque d'hospitalisation pour bronchiolite chez le bébé

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Publié le 18/11/2022
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Crédit photo : PHANIE

Quels effets attendre de la chirurgie bariatrique maternelle sur la périnatalité ? Une étude de l'AP-HP publiée dans le « Jama Surgery » dresse un constat en demi-teinte : si l'évolution est favorable pour la grossesse (moins de macrosomie, d'hypertension gravidique et de diabète gestationnel), il existe un surrisque de retard de croissance intra-utérin (RCIU) et d'hospitalisation pour insuffisance respiratoire pour bronchiolite.

Pour ce travail, les équipes de chirurgie digestive oncologique et bariatrique, nutrition et informatique médicale, biostatistiques et santé publique de l'hôpital européen Georges-Pompidou et d'Université Paris Cité se sont appuyées sur les données de la base nationale du programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI).

Les femmes enceintes en situation d'obésité sont plus à risque de fausse couche, de diabète gestationnel, de malformations fœtales, d'hypertension gravidique, de macrosomie, de césarienne et d'accouchement prématuré. Alors que la chirurgie bariatrique est l'option la plus efficace dans la prise en charge de l'obésité sévère, peu d'essais prospectifs contrôlés ont été menés jusque-là.

L'équipe coordonnée par la Dr Claire Rives-Lange, le Pr Sébastien Czernichow et la Dr Anne-Sophie Jannot a comparé avant et après chirurgie la prématurité, le poids à la naissance et les fréquences des diagnostics obstétricaux, néonataux et de l'enfant jusqu'à l'âge de deux ans chez des femmes ayant eu un bypass ou une sleeve gastrectomie et ayant eu un enfant sur la période allant de janvier 2012 à décembre 2018.

Un suivi obstétrical et pédiatrique

Parmi les 53 813 femmes âgées en médiane de 30 ans incluses, 3 686 avaient été enceintes avant et après la chirurgie, et ont ainsi pu être leurs propres contrôles. L'étude a ainsi mis en évidence une diminution significative du taux de macrosomie (-12,6 %), d'hypertension gravidique (OR : 0,16) et de diabète gestationnel (OR : 0,39) avec la chirurgie bariatrique. Les chercheurs ont également observé moins de traumatismes du squelette à la naissance (OR : 0,27), moins de convulsions fébriles (OR : 0,39), moins de gastro-entérites virales (OR : 0,27) et moins de troubles glycémiques chez les nouveau-nés (OR : 0,54).

En revanche, il est apparu un surrisque de RCIU (+4,4 %) et pour la première fois d'hospitalisation pour insuffisance respiratoire (OR : 2,42), dans les premiers mois de vie, associée au diagnostic de bronchiolite.

« La balance bénéfice/risque associée à la chirurgie bariatrique et métabolique est hautement favorable à la grossesse et au nouveau-né », est-il souligné. Les auteurs soulignent que l'absence d'hypothèse sur les diagnostics potentiellement associés leur a permis de découvrir le surrisque néonatal d'hospitalisation pour insuffisance respiratoire, « une nouvelle association qui demande à être investiguée et qui démontre le besoin de surveiller les grossesses après chirurgie bariatrique à la fois par des équipes spécialisées d'obstétriciens et de pédiatres », préconisent-ils.


Source : lequotidiendumedecin.fr