La médecine de l’obésité n’est pas enseignée aux étudiants

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Publié le 05/02/2024
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Il est essentiel d’élaborer des programmes d’études et d’inclure un enseignement formel autour de l’examen de la personne obèse dans la formation médicale. Une étude canadienne alerte sur les déficits en ce domaine.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Les étudiants en médecine ne sont pas satisfaits de leur formation dans la prise en charge des patients obèses. C’est ce que montre une étude canadienne qui a examiné l’aisance et la compétence perçues par ces étudiants pour effectuer des examens physiques de patients obèses (1). Ces examens sont un élément clé des soins, et des adaptations techniques sont souvent nécessaires pour les patients obèses.

L’étude a utilisé un questionnaire et des groupes de discussion semi-structurés pour évaluer l’aisance et la compétence perçues par les étudiants eux-mêmes lors de l’examen de patients obèses. 175 étudiants en médecine Canadiens ont participé. Une minorité d’entre eux se sentaient à l’aise (42 %) ou compétents (14 %) pour examiner des patients obèses. Les défis de l’examen physique comprenaient la modification des manœuvres d’examen, l’interprétation des résultats et la communication « sensible » autour du poids. Le manque d’exposition précoce à des patients obèses, l’instruction minimale de la part des professeurs et le manque d’attention portée aux programmes sur l’obésité étaient considérés comme des obstacles à l’amélioration de ces compétences.

Les étudiants percevaient leur manque de confiance comme ayant un impact négatif sur leur capacité à prendre en charge les patients obèses ; recevoir davantage de formation dans ce domaine était souhaitée pour éviter les disparités dans les soins. Ils estimaient qu’il manque une formation adéquate sur la manière d’effectuer un examen physique spécifique à l’obésité.

Formaliser l’enseignement de la médecine de l’obésité

Au moment où l’épidémie d’obésité accable la planète, et où des thérapeutiques puissantes (médicaments, chirurgie) sont disponibles — dans certains pays du moins —, le constat fait par les étudiants en médecine Canadiens est qu’ils ne savent pas examiner, écouter, prendre en charge ces patients, ce à quoi il faut ajouter la stigmatisation sociétale qu’ils peuvent partager.

L’approche thérapeutique se doit d’être rigoureuse, avec en amont de toute prescription la bonne connaissance de l’état de santé des patients en obésité. Le plus souvent, rien n’est adapté dans les cabinets médicaux au niveau matériel : sièges, brassard du tensiomètre, tables d’examen, etc.

Examiner et connaître les particularités cliniques, les complications propres à un sujet obèse ou très obèse n’est pas intuitif. On risque de connaître de gros déboires avec les prises en charge médicamenteuse, comme on commence à le constater, si les médecins ignorent l’approche adéquate de ces sujets.

(1) Tenedero CB, O’Brien KT, Patel BP et al. Medical students’ perceived comfort and competence performing physical examinations on patients with obesity: A mixed-methods needs assessment. Clin Obes. 2024 Feb;14(1):e12617

Pr Serge Halimi

Source : lequotidiendumedecin.fr