Au congrès américain d’endocrinologie

La testostérone crée des surprises

Publié le 14/06/2011
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Crédit photo : PHANIE

ALORS QUE chacun attribuait à l’âge la décroissance des taux de testostérone, des Australiens viennent de faire tomber le dogme. Leur étude présentée au 93e congrès de la société américaine d’endocrinologie, à Boston, montre que la chute des taux hormonaux est liée à la dégradation de l’état de santé. David Handelsman et coll ont recruté 325 hommes de plus de 40 ans (médiane 60 ans) qui se présentaient comme étant en excellente santé. Au cours des trois mois suivants, neuf dosages de testostérone ont été réalisés. Les taux les plus bas ont été relevés chez les hommes atteints d’obésité, avec parfois une symptomatologie clinique de déficit androgénique. Les pathologies cardiovasculaires provoquaient également une chute de la testostérone. Les auteurs concluent qu’il n’est pas utile de proposer une hormonothérapie substitutive au simple prétexte d’un âge avancé. Il ne faut traiter qu’après confirmation par des dosages hormonaux.

Cette même testostérone pourrait jouer un rôle protecteur face au risque de démence chez les femmes ménopausées. Ce sont des chercheurs de Melbourne qui l’annonçaient, Sonia Davison et coll. L’hormone mâle appliquée quotidiennement par voie percutanée pendant 6 mois augmente la mémoire féminine. La démonstration en a été faite chez neuf femmes ménopausées en bonne santé (de 47 à 60 ans) traitées pendant 26 semaines. Leurs tests mnésiques à l’enrôlement et au terme de l’étude ont été comparés à ceux de 30 témoins. Il s’agissait, entre autres, de mémoriser des listes de courses ou des visuels. Les résultats sont restés inchangés chez les témoins, alors qu’une amélioration était relevée dans le groupe traité.

Des jeunes femmes en surpoids.

L’alimentation était également abordée dans le cadre de deux études. La première a remis en question l’autorisation faite aux jeunes soumis à un régime amaigrissant de consommer, une fois par semaine, un « vrai » dessert de leur choix. Antonia Dastamani et son équipe athénienne ont opposé cet écart hebdomadaire à la consommation quotidienne d’un dessert à faibles index et charge glycémiques. Sur 29 très jeunes femmes, de 10 à 14 ans, toutes en surpoids ou obèses, toutes au régime, 15 avaient droit à la douceur hebdomadaire, les 14 autres à un dessert quotidien édulcoré. Au bout de 3 mois, si toutes les jeunes filles avaient perdu du poids, les secondes en avaient perdu davantage. Plus encore leur TA systolique était plus basse, leur leptine augmentée et leur insulinorésistance améliorée.

Quant à un travail américain sur les nouveau-nés, il apporte une information nouvelle. Une prise pondérale excessive au cours de la grossesse, indépendamment du poids de départ, crée chez le bébé un excès de masse grasse. L’étude de Jami Josefson et coll. (Chicago) s’est intéressée aux courbes pondérales de 56 femmes enceintes. Parmi elles 31 sont restées dans les rails des recommandations et 25 ont dépassé la norme. Pour ces dernières, les bébés avaient une masse grasse plus élevée estimée à 490 g, contre 390 g pour les autres. Les femmes obèses avant grossesse, enfin, ont plus franchi les limites bien plus souvent que les autres. Reste à déterminer si la masse grasse élevée à la naissance se montre prédictive d’une adiposité dans l’enfance.

 Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8981