Hyperhydrose 

Le point de vue endocrinologique

Publié le 24/11/2011
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L’HYPERSUDATION est une transpiration inadaptée, survenant au repos, de façon paroxystique ou permanente.

La grande majorité (95 %) de ces hypersudations est idiopathique et très souvent favorisées par le stress. On peut déjà être orienté cliniquement : les primitives sont volontiers localisées à la tête, la plante des pieds, la paume des mains, les aisselles tandis que les secondaires sont plutôt généralisées et nocturnes. Elles peuvent s’accompagner de flush ; « il faudrait distinguer les flushes avec hypersudation comme dans les bouffées de chaleur de la ménopause et les flushes secs sans hypersudation au cours des syndromes carcinoïdes par hypersécrétion de sérotonine » explique le Pr Jean-Louis Schlienger.

L’obsession du phéochromocytome.

Les hypersudations secondaires peuvent être liées à la prise de certains médicaments, à des pathologies neurologiques (hémiplégie, syringomyélie, neuropathie) ou des anomalies endocriniennes ou métaboliques. « Le phéochromocytome est rare, mais doit être systématiquement évoqué, l’hypersudation inadaptée paroxystique faisant partie de la triade symptomatique avec la tachycardie et les céphalées, souvent synchrones d’une poussée tensionnelle. On dosera donc de principe, dans ce contexte, les métanéphrines et normétanéphrines dans les urines et le plasma ainsi que la chromogranine A » insiste le spécialiste. Dans l’hyperthyroïdie les hypersudations surviennent généralement de façon non paroxystique, au repos ou à l’effort et peuvent se limiter à des mains moites (dosage de TSH et T4 libre). Cause très rare, le cancer médullaire de la thyroïde à un stade très avancé, souvent métastatique, peut provoquer des flushes avec hypersudation (dosage de la calcitonine et de l’antigène carcino-embryonaire).

L’hypogonadisme primaire, aussi bien chez l’homme que chez la femme, est une cause d’hypersudation souvent méconnue, responsable d’accès de sudation sous forme de bouffées de chaleur « humides » (dosage des estrogènes ou de la testostérone et de la FSH).

Des hypersudations adaptatives réactionnelles sont classiques dans l’hypoglycémie et peuvent évoquer un insulinome, à rechercher par le dosage de l’insulinémie et la mesure du rapport insuline/glycémie. Une sudation exagérée à type de mains moites peut aussi accompagner une acromégalie (dosage de l’IGF1 et de l’hormone de croissance).

Certaines hypersudations sont à la frontière entre primaires et secondaires car, si elles ne relèvent pas de pathologies d’organe, elles sont liées à des situations métaboliques comme l’obésité, le diabète de type 2, le syndrome métabolique. Ces patients sont « moites » en permanence et transpirent facilement et de façon presque pathologique pour un effort banal, en raison de l’épaisseur du tissu adipeux qui gêne les échanges thermiques. La transpiration est souvent généralisée, mais peut se limiter aux mains ou à la tête. La perte de poids améliore ou fait disparaître la sudation pathologique.

Les hypersudations iatrogènes

Elles peuvent être liées à l’effet antabuse après absorption d’alcool, aux inhibiteurs calciques comme le vérapamil, à l’acide nicotinique, aux anti-estrogènes ou aux antiandrogènes prescrits dans les cancers du sein ou de la prostate, aux agonistes de la LHRH utilisés dans l’endométriose et le cancer de la prostate, à un surdosage en hormone thyroïdienne, à des psychotropes comme les IRS et en particulier la fluoxétine. L’hypersudation fait aussi partie du syndrome de sevrage quelle qu’en soit l’origine, psychotropes, alcool, tabac, drogues, etc.

D’après un entretien avec le Pr Jean-Louis Schlienger, CHU de Strasbourg.

 Dr MAIA BOVARD-GOUFFRANT

Source : Bilan spécialistes