À l’essai pour ralentir l’évolution

Le teplizumab, une sorte de GPS contre le diabète

Publié le 31/01/2012
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EN UTILISANT un modèle murin humanisé reconstitué avec un greffon de cellules souches hématopoïétiques humaines, des chercheurs ont réussi à éclairer le mécanisme d’action du teplizumab, un anticorps monoclonal anti-CD3 évalué en clinique pour ralentir la progression du diabète de type 1 nouvellement diagnostiqué. Ils ont découvert que le teplizumab agit comme un GPS, amenant les cellules T humaines à migrer dans l’intestin grêle. Ces cellules immunes ont un récepteur CCR6 qui se fixe à l’épithélium intestinal. Une fois dans l’intestin, les cellules T commencent à produire l’IL10, une cytokine régulatrice anti-inflammatoire qui migre alors dans la circulation sanguine et aide à prévenir la destruction des cellules bêta pancréatiques.

« Le principal résultat est que cette stratégie expérimentale combinant l’étude de la souris humanisée et l’étude humaine est efficace pour comprendre le mécanisme d’action des anticorps monoclonaux thérapeutiques chez l’homme. Les implications sont importantes pour l’évaluation préclinique de ces anticorps ainsi que pour le coût de leur développement pour l’industrie pharmaceutique et biotechnologique », explique au « Quotidien » le Dr Frank Waldron-Lynch, immunobiologiste à l’université de Yale (New Haven).

« Nous avons choisi le teplizumab (MacroGenics) car c’est le médicament que nous utilisons pour traiter le diabète de type 1 nouvellement diagnostiqué afin de préserver la production d’insuline chez les patients. L’autre médicament utilisé en Europe contre le diabète de type 1 est l’otélixizumab (GlaxoSmithKline), également un anticorps anti-CD3. »

« La découverte du mécanisme d’action du teplizumab est cruciale. Elle montre chez l’homme que la fonction des cellules T régulatrices est influencée par le tissu et l’environnement où elles se trouvent (tel l’intestin). Cela montre également l’importance potentielle de l’intestin pour influencer l’immunité systémique chez les humains. Vu que l’on absorbe des protéines étrangères à travers l’intestin et que des bactéries commensales sont présentes dans l’intestin, l’environnement est étroitement contrôlé pour empêcher des réponses immunitaires inappropriées. »

Des implications cliniques.

« Maintenant que nous comprenons le mécanisme du teplizumab, nous pourrons mieux l’utiliser. Notre prochain objectif sera de découvrir comment d’autres anticorps monoclonaux agissent chez les humains pour traiter le diabète de type 1 débutant. Nous envisageons également de combiner le teplizumab avec un médicament délivré à l’intestin afin de majorer l’efficacité du traitement du diabète de type 1 nouvellement diagnostiqué », conclut le chercheur

Frank Waldron-Lynch et coll. Science Translational Medicine, 25 janvier 2012.

 Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 9075