Des cellules bêta-pancréatiques ont été obtenues

Les prémices de la thérapie cellulaire du diabète

Publié le 16/12/2011
Article réservé aux abonnés
1324001831307219_IMG_73465_HR.jpg

1324001831307219_IMG_73465_HR.jpg
Crédit photo : PHANIE

DES CELLULES bêtapancréatiques humaines ont été obtenues en culture par le Dr Philippe Ravassard et coll., de l’équipe du Pr Paul Czernichow (hôpital Necker-Enfants malades à Paris), grâce à une collaboration entre une société de biotechnologie Biotec (Endocells), l’INSERM (équipe du Dr Scharfmann, hôpital Necker) et le CNRS (équipe du Pr Jacques Mallet, Institut du cerveau et de la moelle, groupe hospitalier de la Pitié-Salpêtrière).

Ces chercheurs ont utilisé pour y parvenir un fragment de pancréas fœtal humain dont les cellules ont été transduites avec un vecteur lentiviral exprimant des gènes immortalisants sous le contrôle du promoteur de l’insuline. Le tissu transduit a été secondairement transplanté sous la capsule rénale d’une souris immunodéficiente, ce qui a induit la différenciation du pancréas et l’amplification des cellules insulinosécrétrices.

Réponse à une charge en glucose.

Après plusieurs mois, la tumeur formée a été retirée et dissociée. Les cellules ainsi produites ont été encore amplifiées en culture et des lignées stables obtenues. Elles ont des caractéristiques phénotypiques, moléculaires et fonctionnelles, proches de celles des cellules bêta adultes normales. En particulier, elles sécrètent de l’insuline en réponse à une charge en glucose. Avant d’être utilisables en thérapeutique humaine, les cellules en culture doivent encore être débarrassées de leurs transgènes immortalisants et faire l’objet d’essais sur l’animal (prévus d’ici à trois ans), mais être aussi encapsulées.

Les applications sont nombreuses, de la thérapie cellulaire du diabète de type 1 ou 2 insulinorequérant au développement préclinique d’antidiabétiques oraux ou à l’évaluation de la réponse insulinique aux édulcorants de synthèse.

Les autres solutions palliatives à la destruction des cellules bêta des îlots de Langerhans restent du domaine de la recherche, très préliminaire et très fondamentale pour certaines approches. C’est le cas des tissus de substitution produits à partir de cellules souches embryonnaires ou par transdifférentiation, reprogrammation cellulaire aidant. Au stade expérimental toujours, la mesure du glucose en continu, assortie d’une insulinothérapie ajustée à chaque instant à la glycémie, en boucle fermée, est réservée aux services hospitaliers hautement spécialisés.

La transplantation de pancréas entier ou d’îlots enfin est une piste plus avancée. Elle se heurte toutefois à des difficultés majeures, comme le rejet des tissus transplantés, la récidive du processus auto-immun à l’origine de la maladie, la biocompatibilité des tissus transplantés et leur approvisionnement.

Ravassard P et coll. J Clin Invest ; 121(9) :3587-9è et 3395-7.

 Dr B. B.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9060