Lucia Hue-Fontaine : endocrino, canal holistique

Publié le 13/05/2022
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Endocrinologue au centre de santé Ellasanté de Paris, Lucia Hue-Fontaine a un credo : les patients sont bien plus qu’un ensemble de symptômes. Voilà qui conduit cette jeune trentenaire à s’intéresser à la nutrition, à la médecine anti-âge, et même… au yoga.

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Crédit photo : DR

Caen, Lyon, Paris, Saint-Denis-de-la-Réunion, Nouméa et même Sydney… Le moins que l’on puisse dire est que depuis qu’elle est entrée dans la carrière médicale, le Dr Lucia Hue-Fontaine a vu du pays. Une mobilité géographique qui se double chez cette jeune endocrinologue d’une volonté délibérée d’embrasser des sujets aussi divers que les maladies thyroïdiennes, l’hypophyse, la micronutrition, la médecine anti-âge… On pourrait croire qu’à tant multiplier les voyages et les formations complémentaires, la trentenaire prend le risque de trop embrasser sans jamais bien étreindre. Mais ce n’est pas son avis. La diversité est même pour elle consubstantielle à la médecine pluridisciplinaire holistique qu’elle entend pratiquer.

Cette conception globale de la médecine n’a cependant pas toujours été la sienne. Elle a en effet d’abord été attirée par la médecine d’organe. « Depuis l’enfance, mon rêve, c’était d’être cardiologue », se souvient-elle. Mais cette première vocation a été remise en cause au moment de passer le concours de l’internat, en 2015. « Je me suis rendu compte que je souhaitais une pratique plus transversale pouvant intégrer des approches médicales diverses… », explique-t-elle aujourd'hui.

Elle examine alors plusieurs alternatives, de la médecine générale à la pneumologie, avant que l’endocrinologie ne s’impose comme une évidence, à quelques jours du choix fatidique. « J’ai réalisé que les cours d’endocrinologie étaient ceux où j’allais tout le temps, où l’on ne nous demandait pas d’apprendre par cœur mais de comprendre… », affirme-t-elle. Et la voilà partie pour un internat à Lyon, avec en tête l’idée d’un cursus orienté vers l’oncologie neuroendocrine.

Dureté de l’hôpital

« C’est un domaine qui m’a toujours intéressée, ce sont des patients qui vous donnent des leçons de vie, qui ont un mental puissant », détaille-t-elle. Mais arrivée au terme d’un internat qui l’a enthousiasmée, notamment par la possibilité qui lui a été offerte d’exercer « dans des services de pointe », Lucia traverse une nouvelle remise en question. « Je sentais que j’avais besoin d’exercer autrement, de me concentrer sur la médecine de prévention, d’intervenir sur différents terrains, continuer à mon rythme ma formation continue, détaille-t-elle. L’exercice hospitalier semblait à ce moment discordant avec mes projets de vie aussi bien professionnel que personnel. »

Elle prend donc la direction de Paris, et commence à exercer au centre Ellasanté, une structure dédiée à la prévention et pilotée par la fondation PiLeJe, pour ce qui devait être « une transition avant de prendre un poste à Lyon ». Ce sera surtout le début de son engagement dans la démarche d’une médecine préventive et personnalisée qui la taraudait depuis un certain temps déjà. 

Coup de foudre holistique

« C’est un centre qui se donne pour mission de promouvoir la prévention sur tous les plans : métabolique, cardiovasculaire… », énumère-t-elle. La crise sanitaire aidant, Lucia décide donc de rester à Paris, ce qui ne l’empêche pas de s’envoler de temps en temps outre-mer pour assurer des remplacements hospitaliers. « Au centre, je vois beaucoup de désordres hormonaux mais j’apprécie de retrouver ponctuellement l’hôpital pour garder le rythme sur les pathologies plus délicates et travailler en équipe », explique-t-elle.

La jeune femme a aussi développé une autre compétence pour répondre aux besoins de patientes chez lesquelles les troubles hormonaux ont entraîné des symptômes tels que les troubles cutanés ou pileux : la médecine dermato-esthétique et anti-âge. « Ce sont des patients souvent incompris sur l’impact psychologique de ces symptômes médicalement non sévères, et je suis heureuse de pouvoir leur apporter une réponse », se réjouit l’endocrinologue.

Et pourquoi pas le yoga ?

Reste que Lucia a choisi de travailler pour le centre Ellasanté à temps partiel, à raison de trois jours par semaine. « J’ai besoin de temps pour me consacrer à d’autres projets », explique la jeune femme qui, en plus de la médecine anti-âge, souhaite « approfondir ses travaux de recherche ». Elle développe par ailleurs actuellement une activité de professeure de yoga. « Le yoga contribue au bien-être, à la gestion du stress, et donc à la santé », indique-t-elle.

Une démarche qui correspond à la volonté de la jeune praticienne d’appréhender « une vision plus large des prises en charge ». Lucia assume ainsi une volonté de « créer plus de liens de confiance entre différents types de thérapeutes ou health coaches, afin d’éviter les écueils de certains abus, voire de pseudo-prises en charges parfois dangereuses délivrées à des personnes vulnérables ». Son but ? « Innover dans la technique comme dans le social pour apporter des réponses solides à des personnes qui se sentent exclues par la médecine telle qu’elle est habituellement pratiquée. »

Exergue : Avec le temps, la jeune praticienne se réoriente et décide d’appréhender une vision plus large des prises en charge.

Adrien Renaud

Source : Le Quotidien du médecin