Déperminants nutritionnels

Où en est-on de l’étude nutrinet santé ?

Publié le 24/11/2011
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Crédit photo : AFP

CETTE ÉTUDE FRANÇAISE présente un intérêt scientifique majeur en termes de santé publique : elle vise à mieux comprendre les déterminants nutritionnels dans les grands problèmes de santé publique que sont les cancers, les malades cardio-vasculaires, l’obésité, le diabète, l’hypertension artérielle, etc. Mais aussi d’autres pathologies pour lesquels on a maintenant des hypothèses sur le rôle potentiel des facteurs nutritionnels, comme la polyarthrite rhumatoïde, la dépression, la migraine, les allergies, l’infertilité, le vieillissement. Ce sont en effet des déterminants sur lesquels on peut agir, ce qui n’est pas le cas de l’hérédité. « Nous espérons ainsi aboutir à des applications pratiques pour le grand public, souligne le Pr Hercberg, à l’initiative de ce travail original. Pour atteindre cet objectif ambitieux, encore faut-il pouvoir travailler sur de grandes populations et collecter beaucoup d’informations. C’est tout l’intérêt que représente internet pour obtenir des informations à la fois sur l’alimentation - ce que les consommateurs mangent, où ils l’achètent, s’ils consomment bio, s’ils connaissent les recommandations nutritionnelles, etc. – mais aussi sur leur niveau d’activité physique, les antécédents personnels, la survenue d’événements médicaux nouveaux ».

Le nombre d’internautes inscrits doit encore grossir.

Actuellement, 204 000 internautes se sont inscrits. Parmi eux, 105 000 sont totalement inclus car les données les concernant sont complètes. « Même s’il y a une majorité de femmes, les deux sexes sont représentés, ainsi que toutes les tranches d’âges, les différentes régions et l’ensemble des catégories socioprofessionnelles. Nous avons une grande hétérogénéité des profils de répondeurs, ce qui est une très bonne nouvelle, se réjouit le Pr Hercberg. En outre, c’est la première fois que nous avons accès à des données concernant les bénéficiaires du RSA, qui sont des populations échappant habituellement à ce type d’enquête ».

Tout n’est pas fini pour autant. L’étude est programmée pour recruter 500 000 internautes (dont au moins 300 000 inclus) dans les trois ans à venir, avec un suivi pendant 5 à 10 ans. « Nous avons également prévu la possibilité, pour les volontaires qui le souhaitent, de participer à un volet clinicobiologique, afin d’obtenir des informations plus précises, notamment à partir d’examens, remarque le Pr Hercberg. Grâce à cette étude citoyenne d’intérêt collectif, nous espérons produire une masse de données ayant des applications pratiques pour notre génération et les générations futures. La réussite de l’étude reposant sur la capacité à avoir un nombre très important de participants, nous comptons vraiment sur les médecins pour s’intégrer dans cette démarche et nous aider à faire connaître notre enquête. Il leur est d’ailleurs possible d’obtenir du matériel de communication gratuit (affiches, etc.) sur http://info.etude-nutrinet-sante.fr/fr/presentation. Nous espérons enfin mobiliser certaines institutions comme l’armée, la gendarmerie, les pompiers, etc., pour relayer l’appel ».

Déjà, des premiers résultats.

« Les premiers résultats montrent de grandes variations dans les habitudes alimentaires (fruits, légumes, poissons) entre cadres et ouvriers. Nous avons également noté que les différences régionales persistaient en dépit de la mondialisation et l’on continue par exemple de consommer plus de charcuteries en Lorraine et plus de pommes de terre au Nord, plus de poissons au sud. Enfin, nous observons un décalage entre « savoir » et « mise en application » : ainsi, beaucoup de nos internautes savent ce qu’il faut manger, ce qui ne veut pas dire qu’ils suivent forcément ces recommandations, que ce soit pour des raisons budgétaires ou par habitudes » conclut le Pr Hercberg.

D’après un entretien avec le Pr Serge Hercberg, Paris 13, hôpital Avicenne, directeur UMR U557 Inserm/U1125 Inra/Cnam/université Paris 13 (UREN) et unité de surveillance et d’épidémiologie nutritionnelle (USEN, InVS/Cnam/Paris 13), centre de recherche en nutrition humaine Île-de-France SMBH Paris13.

 DR NATHALIE SZAPIRO
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Source : Bilan spécialistes