Palmarès « Prescrire » 2015 : Hémangiol, Topiscab et kétoconazole mais pas de pilule d’or

Publié le 29/01/2016

Contrairement à l’année précédente, qualifiée à l’époque de « bon cru » par le jury de la revue « Prescrire », aucune pilule d’or n’est venue récompenser un médicament présenté dans le « Rayon nouveauté » durant l’année 2015.

Une absence sur la plus haute marche du podium que la rédaction de la revue indépendante explique par le fait qu’en 2015, « les progrès thérapeutiques notables ont été peu nombreux en regard des nouvelles AMM accordées ». Un constat qui en appelle un autre : « Les autorités de santé ont à réviser à la hausse leurs exigences en termes de preuves de progrès thérapeutique afin d’éviter l’arrivée massive sur le marché de médicaments sans intérêt pour les soins, voire plus dangereux qu’utiles. »

Malgré cela, 3 médicaments ont tout de même été primés, dont un qui est cité au tableau d’honneur : Hemangiol (propranolol) en solution buvable de Pierre Fabre Dermatologie, indiqué dans les hémangiomes graves du nourrisson. Deux autres médicaments figurent également au palmarès : Topiscab (perméthrine crème à 5 %) du laboratoire Codexial Dermatologie, indiqué dans la gale dès l’âge de 2 mois, et du Kétoconazole HRA (kétoconazole) de HRA Pharma, indiqué dans le syndrome de Cushing endogène.

Concernant les trois médicaments primés, « Prescrire » rappelle que ce ne sont pas de nouvelles substances, mais que « dans la situation clinique dans laquelle ils sont devenus autorisés, ils sont un progrès par rapport aux autres médicaments déjà disponibles ».

Pluie de cartons rouges et jaunes pour les conditionnements

Si certains peuvent s’étonner de l’absence au palmarès des nouveaux antiviraux indiqués dans le traitement de l’hépatite C, il s’explique, selon le directeur de la rédaction de « Prescrire », Bruno Toussaint, par « la sous-évaluation des effets indésirables » de ces molécules. Harvoni (lédipasvir + sofosbuvir), cité en exemple comme l’association antivirale de premier choix chez les patients atteints d’une hépatite C de génotype 1, figure dans la rubrique des progrès notables « en raison de son efficacité virologique importante et parce qu’il s’agit du protocole sans interféron le mieux évalué ». Mais, explique Bruno Toussaint, « une seule étude comparative incluant 155 patients » ne saurait suffire pour évaluer des effets indésirables que l’on sait « parfois très graves » alors que l’on se trouve face à « un marché théorique de 170 millions de personnes » infectées par le VHC dans le monde.

En ce qui concerne le palmarès du conditionnement, aucune palme n’a non plus été décernée dans cette catégorie. Pour la rédaction du mensuel indépendant, « en 2015, aucun conditionnement examiné n’a réuni les critères de sécurité et de progrès justifiant l’attribution d’une palme du conditionnement ». En revanche, une vingtaine de « cartons jaunes » et de « cartons rouges » sont venus sanctionner divers manquements : absence de moyens de préparation de la dose pour les enfants, notices omettant de signaler des dangers connus, absence de bouchon-sécurité, etc. Un bilan que « Prescrire » qualifie d’ailleurs de « préoccupant ». Enfin, plusieurs firmes ont été mises à l’honneur pour leur transparence vis-à-vis de l’information transmise sur les médicaments qu’elles commercialisent. Il s’agit cette année d’EG Labo, Lucane Pharma, Arrow Génériques, Codexial Dermatologie et GlaxoSmithKline.

Benoît Thelliez

Source : lequotidiendumedecin.fr