Les leçons de l’étude SaghE

Recommandations sur l’hormone de croissance synthétique

Publié le 16/12/2011
Article réservé aux abonnés

AUJOURD’HUI, en France, environ 9 800 enfants et adolescents de moins de 18 ans sont traités par hormone de croissance, toutes indications confondues. L’état de santé de ces enfants devenus adultes a été évalué dans l’étude SAGhE, commentée par l’AFSSAPS en décembre 2010.

Cette étude concerne 10 000 jeunes adultes traités entre 1985 et 1996 ; 93 décès ont été constatés, contre 70 estimés dans une population contrôle en France. S’il n’y a pas d’augmentation de la mortalité globale par cancer (tous cancers confondus), l’on observe une surmortalité liée à des complications vasculaires cérébrales (telles que des hémorragies intracérébrales, 4 observées pour 1 attendue) et des tumeurs osseuses (3 observées pour 0,6 attendue). L’hormone de croissance n’est peut-être pas la seule raison de surmortalité, et la maladie ayant justifié le traitement pourrait y participer, suggèrent les deux sociétés savantes, ce que ne permet pas de déterminer cette étude, observationnelle.

Rapport bénéfice/risque positif.

La balance bénéfice/risque de l’hormone recombinante a été réévaluée par le comité des médicaments à usage humain (CHMP). Celui-ci, en mai 2011, a conclu qu’elle restait positive dans les indications et les doses approuvées lors des autorisations de mise sur le marché. Le risque de surmortalité augmente en effet pour les patients ayant reçu de fortes doses d’hormone, au-delà de celles autorisées par l’AMM. L’AFSSAPS recommande aux prescripteurs de respecter strictement les indications et de ne pas dépasser la dose maximale recommandée pour chaque indication.

Il n’est donc pas nécessaire de suspendre les traitements en cours ou de renoncer aux traitements en cours d’instauration, soulignent les deux sociétés savantes pédiatriques, si l’on respecte un certain nombre de précautions, au-delà bien sûr des règles de prescription édictées par l’Agence européenne du médicament.

On doit tenir compte aussi des taux sanguins d’Insulin-Like Growth Factor (IGF-I) pour adapter les doses d’hormone de croissance ; réévaluer à chaque consultation, la dose, l’efficacité et la tolérance des traitements ; surveiller la pression artérielle de façon régulière et prolongée. Enfin, il convient d’expliquer, très intelligiblement, aux enfants actuellement traités et à leurs parents les implications de l’étude SAGhE.

* Santé Adulte Gh Enfant ; http://www.afssaps.fr/Infos-de-securite.

 Dr B. B.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9060