Signe cardinal, la polyuropolydipsie

Repérer le diabète avant l’acidocétose

Publié le 22/09/2011
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Crédit photo : BSIP

« L’HYPERGLYCÉMIE est une urgence chez l’enfant, explique le Pr Jean-Jacques Robert, chef de service de diabétologie à l’hôpital Necker-Enfants Malades, Paris. Surtout chez les moins de 5 ans, dont l’état de santé se dégrade très rapidement, parfois en quelques heures. Près de 40 % des diabètes de l’enfant sont diagnostiqués au stade d’acidocétose en France. » La prévalence du type 1, qui représente plus de 90 % des cas de diabète chez l’enfant, ne cesse d’augmenter en pédiatrie ces dernières années, surtout chez les plus jeunes. C’est pourquoi l’Aide aux Jeunes Diabétiques (AJD) a lancé en novembre dernier une campagne de sensibilisation aux signes d’alarme auprès des professionnels de santé et des familles.

L’acidocétose comporte un risque de complications mettant en jeu le pronostic vital, comme le coma et l’œdème cérébral. C’est la cause la plus fréquente de décès lié au diabète chez l’enfant. De plus, elle influence l’évolution à long terme du diabète. Les enfants ayant une acidocétose au moment du diagnostic ont moins de cellules bêta résiduelles fonctionnelles, une moindre fréquence de rémission et un moins bon contrôle glycémique pendant les premières années de traitement.

Réapparition du pipi au lit

La polyuropolydipsie est un signe précoce, retrouvé dans plus de 97 % des cas de diabète de type 1 à l’interrogatoire. « Dès que l’on pense au diagnostic, il n’est pas question de perdre du temps avec des examens de laboratoire, insiste le Pr Robert. Si un parent rapporte que son enfant boit et urine plus que d’habitude, la seule présence d’une glycosurie à la bandelette urinaire suffit à poser le diagnostic. L’hospitalisation en service spécialisé s’impose le jour même. Même un Dextro au cabinet n’est pas obligatoire ». Un autre signe clinique est la réapparition du pipi au lit chez des enfants propres. « Ce phénomène concernerait près de la moitié des cas chez les moins de 5 ans », précise le diabétologue.

Les pédiatres assistent à une véritable épidémie de diabète de type 1 depuis quelques années. En trente ans, la prévalence du diabète de type 1 a doublé chez les enfants de moins de 15 ans. Et le phénomène est deux fois plus rapide chez les plus jeunes. Chez les moins de 5 ans, la prévalence a doublé en quinze ans et devrait doubler encore d’ici à 2020 selon l’étude Eurodiab menée dans 17 pays européens (voir « le Quotidien » du 29 mai 2009). Si des facteurs environnementaux sont évoqués, il n’existe aucune certitude scientifique actuellement.

La seule marge de manœuvre.

La précocité du diagnostic est actuellement la seule marge de manœuvre pour les médecins. L’heure n’est pas encore au dépistage. « Il faudrait prélever des milliers d’enfants pour n’en dépister qu’un seul ayant des anticorps auto-immuns, précise le Pr Robert. De plus, la présence d’anticorps n’est pas synonyme de diabète et il n’y a actuellement aucune intervention possible à ce stade ». Un dépistage ciblé est faisable en cas de facteur de risque : diabète de type 1 dans la fratrie, antécédents personnels de maladie auto-immune. « En théorie, ce serait près de 1 diabétique sur 20 qui pourrait être dépisté, souligne le Pr Robert. La prédiction pourrait être affinée sur le type d’anticorps présents et le typage du groupe HLA. » Les mesures préventives ne sont pas encore au point, même si plusieurs essais sont encourageants, deux ayant testé les anticorps anti CD3 et un autre l’immunomodulateur abatacept très récemment (voir « le Quotidien » du 28 juin 2011).

Le Pr Jean-Jacques Robert déclare n’avoir aucun conflit d’intérêt soulevé par l’article.

 Dr IRÈNE DROGOU

Source : Le Quotidien du Médecin: 9009