Trop maigre à cause d’un excès de gène

Publié le 01/09/2011
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Crédit photo : S. TOUBON/«le Quotidien»

Le premier indice génétique de la maigreur extrême a été mis en évidence, dans une région du bras court du chromosome 16 (16p11.2), comportant 28 gènes, déjà connue pour être sujette à des fluctuations du nombre des copies de ses gènes en rapport avec le poids. La grande majorité des individus possède deux exemplaires des gènes, transmis par chacun des parents. Mais environ une personne sur 2 500 n’a qu’une seule copie et une sur 2 000 a trois copies.

L’équipe franco-anglo-suisse qui a participé à ce dernier travail avait antérieurement montré en 2010 que le fait de ne posséder qu’une copie de cette région peut expliquer 1 % des obésités sévères.

Ce nouveau travail montre à l’inverse, que les personnes porteuses d’un excès de ce matériel génétique, avec trois copies, présentent un risque de maigreur importante ou multiplié par 20. Ce sous-poids est défini par un IMC inférieur à 18,5.

Selon les chercheurs, les gènes en excès de cette région augmentent la sensation de satiété.

Ils observent chez les enfants, que la moitié des porteurs de cette duplication sont en sous-poids avec des difficultés alimentaires.

« Jusqu’à présent, on ne connaissait rien des causes génétiques du sous-poids, qui est pourtant associé à une mortalité élevée », notent les chercheurs.

L’étude collaborative internationale a consisté à rechercher la mutation « trois copies » chez 10 000 personnes. On a ainsi identifié 138 personnes. Dans un tiers des cas, cette mutation s’est révélée être de novo, absente chez les parents, tandis que pour les deux tiers restants elle est héréditaire.

Les chercheurs ignorent encore les mécanismes qui sont à l’origine du phénotype. Une étape à venir va consister à rechercher quels gènes parmi les 28 sont responsables des effets sur le poids et l’appétit. Sans oublier que cela peut concerner aussi d’autres gènes.

Ils notent que « ce travail démontre que si certains gènes d’une même région génétique sont présents en excès (trois copies) ou de manière carencée (une seule copie), cela peut conduire par un « effet miroir » à des conséquences pathologiques inverses, ici le sous-poids ou l’obésité ».

« Nature », 31 août 2011

* Collaboration internationale, menée par des chercheurs du laboratoire Génomique et maladies métaboliques (CNRS/Université Lille 2/Institut Pasteur de Lille) et de l’Imperial College, dirigés par Philippe Froguel, et l’équipe suisse de Jacques S. Beckmann (Université de Lausanne).

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr