Diabète des jeunes

Un effet cumulatif du surpoids

Publié le 12/09/2011
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DE MÊME que le tabagisme est évalué en paquets-année, des chercheurs américains, Joyce M. Lee (Ann Harbor, Michigan) et coll., ont eu l’idée de créer une unité de risque lié à la surcharge pondérale : l’excès d’IMC-années. A l’instar de la cigarette, cette unité composite permet d’associer la valeur de la surcharge et sa durée, en multipliant l’un par l’autre. En appliquant ce mode calcul à des adolescents et jeunes adultes, ils constatent un risque de survenue de diabète lié à l’accumulation de l’excès d’IMC-années. Ce qui suggère qu’une surveillance accrue devrait être réalisée auprès des plus jeunes.

Le travail a porté sur une vaste cohorte américaine la National Longitudinal Survey of Youth. Les adolescents et jeunes adultes avaient entre 14 et 21 ans à l’enrôlement en 1979. Ils ont rapporté leur poids et leur taille (par automesure) ainsi que la survenue d’un diabète (type non spécifié) de 1981 à 2006. L’analyse des résultats a tenu compte, en outre, de l’âge, du sexe et de l’ethnie.

L’excès d’IMC-années.

Premier constat le risque de diabète lié à l’élévation de l’excès d’IMC-années concerne davantage les plus jeunes. Ce qui laisse entendre qu’un surpoids similaire serait plus diabétogène quand il survient tôt dans la vie. Un individu de 40 ans dont l’excès d’IMC-années est chiffré à 200 présente un risque diabète, presque triplé (2,94) par rapport à un individu similaire à l’index estimé à 100.

L’autre constat porte sur la variable ethnique. Les Hispaniques et les Afro-américains connaissent un risque de diabète pour des niveaux d’IMC inférieurs à ceux des Blancs. Certes une telle disparité existe déjà dans la population, mais les auteurs considèrent que cet écart pourrait être amplifié par l’incidence plus élevée de l’obésité chez les Hispaniques et les Afro-Américains. Ce que montre un exemple chiffré : un individu à l’IMC de 35 (soit 10 au-dessus de la norme) pendant 10 ans est considéré comme ayant 100 d’excès d’IMC-années. Dans ce cas, comparés à des Blancs, les Hispaniques ont un risque de diabète doublé et les Noirs multiplié par 1,5.

L’une des faiblesses du travail porte sur son caractère déclaratif, l’autre sur l’absence de précision quant au type de diabète. Cependant les auteurs rappellent que la perte des cellules ß pancréatiques touche préférentiellement les sujets plus âgés, alors que l’insulinorésistance est plutôt l’apanage des sujets jeunes. Ils ajoutent que comme tenu de cette notion, il est vraisemblable que nombre de sujets atteints de diabète de type 2 enrôlés dans l’étude n’avaient pas connaissance de leur pathologie, moins « bruyante » que la forme insulinodépendante. Dès lors le risque de diabète dû à l’excès d’IMC-années pourrait avoir été sous-estimé.

Archives of Pediatrics & Adolescent Medicine, édition avancée en ligne du 5 septembre 2011.

Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9001